Anne-Marie Idrac, haute responsable de la stratégie de développement des véhicules automatisés, a récemment publié un rapport sur la Stratégie nationale de développement de la mobilité routière automatisée 2020-2022, à la demande du gouvernement et plus précisément des ministères concernés (Transport, Industrie).
Les 5 principaux enjeux collectifs sont les suivants.
Le développement sûr de la conduite sans opérateur à bord qui concerne à la fois la concep- tion, l’exploitation, la sécurité, l’acceptabilité et la rentabilité économique de l’automatisation. Les fonctions de supervision et d’intervention à distance représentent ainsi un enjeu prioritaire pour l’action publique, à la fois dans le soutien à la R&D, les démonstrateurs, l’évaluation et la démonstration de sécurité.
L’amélioration des fonctions de connectivité, notamment liées à l’infrastructure, pour aider le système embarqué dans sa perception de l’environnement, permettre les supervisions et interventions à distance, accompagner le dé- veloppement de services et l’exploitation de flottes de véhicules coopératifs. Le déploiement de la connectivité relève d’enjeux qui dépassent la question de l’automatisation des véhicules terrestres. A ce stade, le choix stratégique pour le développement des véhicules automatisés reste de rechercher les complémentarités entre les technologies C-ITS et les technologies mobiles, en fonction des exigences de qualité de la connectivité tant pour la sécurité que pour la qualité des services.
La validation de sécurité, qui doit rester au cœur de l’action publique, en articulant les niveaux nationaux, européens et internationaux. Les principes ayant été posés par le cadre issu de la Loi d’orientation des mobilités (LOM) et les premiers travaux à l’ONU, il convient, au niveau national, d’accélérer la production des référentiels de sécurité, en priorité pour les transports publics et partagés sur itinéraires ou zones prédéfinis. La doctrine technique de validation relative à la supervision, à la connectivité et à l’utilisation des scénarios pour la validation, constitue une priorité. Les niveaux-cibles de sécurité visés pour les différents cas d’usage feront l’objet de travaux, en tenant compte de leur acceptabilité.
L’acceptabilité, qui doit rester un sujet d’écoute, de vigilance et d’échanges permanents avec les acteurs de l’éco-système et, plus largement de la société civile. La question de la sécurité restera probablement centrale dans les perceptions, mais l’appétence ou le consentement à payer pour les nouveaux services, devraient prendre une importance croissante et feront l’objet d’un suivi renforcé.
La gestion de la donnée, qui devient centrale pour la conception, la validation, l’apprentissage et l’exploitation des systèmes et des services de mobilité automatisée. Le cadre règlementaire issu de la Loi d’orientation des mobilités, concerne principalement l’utilisation des données d’apprentissage et de validation et l’utilisation des données par les autorités publiques ; sa mise en œuvre associera étroitement les acteurs, au premier rang desquelles les collectivités locales et en s’assurant de la cohérence avec le cadre européen et international.

Les actions prioritaires à renforcer portent sur :
Le soutien à l’innovation, qui sera renforcé et élargi, pour tenir compte de la maturation des cas d’usages, de l’importance croissante de la connectivité et de l’apport de l’infrastructure, et du besoin d’approfondir les modèles économiques. Il s’agit notamment d’accompagner le passage à l’échelle de services, ce qui nécessite de tenir compte de phases de progressivité (vitesse réduite, environnements restreints) et du développement des nouvelles briques, liées notamment à la vision augmentée, la supervision et la connectivité. Face à ce besoin de soutien public (estimé à 300 millions d’Euros sur la durée du programme d’investissements d’avenir – 2021-2025), les outils devront permettre d’adresser des projets de recherche ou de prototype, des expérimentations, des pilotes de services, des évaluations d’impacts, et des prises de participation dans des opérations de création d’actifs liés principalement aux données et à leur exploitation.
L’approche européenne, qui sera mobilisée encore davantage, dans ses différents leviers : mobilisation du programme de recherche et d’innovation Horizon Europe, poursuite des projets de déploiement pilote (permettant d’accélérer la convergence entre automatisation et connec- tivité), mise en place du cadre d’homologation de la sécurité des véhicules, normalisation de la connectivité.
L’accompagnement des territoires, qui associera plus étroitement les représentants des collectivités aux travaux techniques pré-réglementaires et normatifs et facilitera les échanges d’expériences et la mise à disposition de doctrine technique et d’évaluation économique des nouveaux services.
La visibilité de la stratégie, au niveau national et international, sera améliorée, par des actions conjointes des pouvoirs publics et de France Véhicules Autonomes.
