Le GPI : zoom sur l’« innovation »

Les quatre axes du Grand Plan d’Investissement (GIP) récemment présenté (voir http://science-innovation-developpement.com/le-gpi-prend-la-suite-du-pia/ )se déclinent suivant le tableau suivant.1709 GIP 3

Il est intéressant de faire un zoom sur les actions « libellées innovation ». Selon Jean Pisani-Ferry, repris par le gouvernement, pour accélérer la montée en gamme de l’appareil de production et se mettre en position de porter les ruptures technologiques à venir, la stratégie doit reposer sur au moins quatre leviers.

Un système d’enseignement supérieur et de recherche à la hauteur des exigences du XXIe siècle. Pour former les ingénieurs, les chercheurs, les designers, les créateurs et les entrepreneurs qui fondent toute stratégie d’innovation, la transformation du système d’enseignement supérieur et de recherche doit être accélérée. Elle doit permettre le développement d’universités de rang mondial, dans un contexte de marché de la connaissance mondialisé où de nombreux pays développent des stratégies offensives pour attirer les talents.

Le rapprochement de la recherche fondamentale et des entreprises. Il suppose un écosystème dynamique de collaboration entre les laboratoires, les grandes entreprises et les PME permettant aux avancées des sciences d’être incorporées dans des produits ou des processus de production innovants.

Le financement des jeunes entreprises innovantes. Faute de financements à la hauteur de leur potentiel économique, nombre d’entre elles finissent par s’installer à l’étranger. Lorsque cela se produit, la perte pour l’économie française est double : parce que ce sont autant d’emplois qui seront créés ailleurs, plutôt que sur le territoire national ; et parce que la puissance publique a, bien souvent, participé au financement des premières étapes de projets risqués.

L’accompagnement et la restructuration de secteurs en transformation. L’agriculture et l’agroalimentaire en sont un exemple emblématique. Ils représentent le troisième excédent sectoriel du commerce de biens, mais, faute d’avoir su gagner en productivité et s’adapter aux évolutions des attentes des consommateurs, enregistrent des performances en déclin sur des segments où la France dispose de forts avantages comparatifs.

Les trois premiers leviers sont tellement en phase avec les PIA 1,2 et 3 qu’ils seront financés par les crédits du PIA 3. Les investissements directement fléchés ESRI représentent 8,1 Md€.

1709 GIP 4 Au-delà du soutien à certaines filières particulièrement stratégiques pour notre économie dont la filière aéronautique et certains domaines émergents, par exemple l’intelligence artificielle, les capacités de calcul, la cybersécurité, la nanoélectronique, il faut noter un effort particulier envers le monde agricole afin de stimuler la transformation des filières agricoles et agroalimentaires qui regroupent l’agriculture, la pêche, l’agroalimentaire et le secteur forêt-bois.

Ces secteurs doivent toutefois poursuivre leur transformation. Aujourd’hui, les défis sont nombreux, il s’agit notamment :

  • d’assurer l’adaptation des modèles agricoles pour une meilleure performance économique, sociale, environnementale et sanitaire ;
  • de mieux répondre aux attentes des consommateurs en faisant évoluer l’offre de produits, les pratiques de production et les processus de transformation vers des produits à haute valeur ajoutée et à forte valeur environnementale ;
  • de favoriser le développement des entreprises agricoles et agroalimentaires les plus performantes. Cela passe par des actions de modernisation, de formation, de recherche et développement, d’innovation ou encore de développement des usages du numérique
  • d’améliorer la prévention et la gestion des risques climatiques, sanitaires ou économiques ;
  • de répondre aux défis du changement climatique et de contribuer activement à la concrétisation des engagements de la France en faveur du climat.

De même que les actions en matière de santé sont en prise avec la récente définition de la stratégie nationale de santé, les actions « agri-agro » sont phasées avec les travaux des états généraux de l’alimentation, lancés le 20 juillet 2017, qui doivent permettre aux différents acteurs d’échanger et de se mobiliser sur ces sujets.

Le grand plan d’investissement a vocation à être l’un des instruments moteurs de la transformation de l’ensemble des secteurs agricoles, agroalimentaires, forestiers et de la pêche. Ses ambitions s’articulent autour de quatre priorités :

  • accélérer l’adaptation des outils et le changement des pratiques. Il s’agira notamment de diversifier l’offre de financement et d’en faciliter l’accès pour les entreprises, via par exemple la mise en place de fonds de garantie ou de fonds de prêt. Le ciblage des dispositifs de subvention sera par ailleurs amélioré pour en accentuer l’efficacité et favoriser la diffusion et l’appropriation des innovations ;
  • accélérer la réponse aux défis du changement climatique. Il conviendra notamment d’accompagner l’adaptation des systèmes de production et l’optimisation de la gestion de l’eau, le développement de la bioéconomie, la production d’énergies renouvelables (biomasse agricole, biomasse forestière) ou encore le renforcement des puits de carbone en forêt et la séquestration du carbone dans les sols agricoles ;
  • renforcer la compétitivité de l’aval et la structuration des filières. Un effort particulier sera engagé pour financer la croissance et la consolidation des entreprises de l’aval des filières, agroalimentaires ou non. Ces entreprises peuvent être des start-up, PME ou ETI à fort potentiel, qui forment un maillon stratégique pour le développement de l’ensemble des filières et des territoires ;
  • renforcer le soutien à la recherche et à l’innovation, notamment dans les domaines de la bioéconomie, de l’agriculture numérique, du biocontrôle, de la génétique, des biotechnologies et de l’innovation ouverte.

Autre zoom intéressant à faire : la sécurité.

Dans la SNR française 2015, l’un des 10 défis sociaux est libellé Liberté et sécurité de l’Europe, de ses citoyens et de ses résidents. De même, H2020 contient Sociétés sûres, protection de la liberté et de la sécurité de l’Europe et de ses citoyens parmi ses 7 défis sociétaux.

Quid dans le rapport du GPI ?

Le terme sécurité y est quand même cité 14 fois… dont une seule fois dans l’acceptation la plus prégnante dans l’actualité : le développement de systèmes de sécurité adaptés aux risques naturels et d’origine humaine, notamment terroriste. Par contre, 5 sécurité sociale, 2 sécurité professionnelle, et des sécurité routière, alimentaire, … et 3 cybersécurité qui est même l’un des 4 secteurs émergents cités pour la croissance d’entreprises innovantes.

http://www.gouvernement.fr/partage/9535-rapport-de-m-jean-pisani-ferry

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Une pensée sur “Le GPI : zoom sur l’« innovation »

  1. Bonjour Michel,
    « Le financement des jeunes entreprises innovantes. Faute de financements à la hauteur de leur potentiel économique, nombre d’entre elles finissent par s’installer à l’étranger. Lorsque cela se produit, la perte pour l’économie française est double : parce que ce sont autant d’emplois qui seront créés ailleurs, plutôt que sur le territoire national ; et parce que la puissance publique a, bien souvent, participé au financement des premières étapes de projets risqués. »
    J’ose espérer que c’est une plaisanterie, et si c’est le cas, elle est de mauvais goût, car la puissance publique n’a jamais participé au financement des premières étapes, et encore moins de projets risqués.
    La France a un blocage cérébral à analyser comment les moteurs de l’économie de demain doivent être accompagnés en amorçage. Aucun homme politique ne sait de quoi il parle dans ce domaine. Triste.
    Bien à toi,
    Laurent