Les besoins de compétences autour de l’IA font apparaître différents besoins de formation et de sensibilisation des décideurs.
Telle est l’une des conclusions d’un gros rapport « de synthèse » de 350 pages sur l’intelligence artificielle. Ce rapport est publié sous le double timbre des ministères chargés de la recherche et de l’enseignement supérieur et de l’économie, suite à des réflexions de plusieurs groupes de travail sur des sujets tels que recherche, formation, transfert de technologies mais aussi véhicule autonome, finance ou souveraineté et sécurité nationale. Il s’agissait de proposer des actions de politique publique visant à développer l’intelligence artificielle en France. Une cinquantaine de propositions ont été remontées par les différents groupes de travail, ainsi que lors des Journées de l’Intelligence Artificielle organisées dans l’ensemble du pays.
Trois grands axes de réflexion ont été retenus :
- Orienter la recherche amont et développer les compétences
- Industrialiser et transférer les technologies de l’IA vers les autres secteurs économiques en maximisant les retombées économiques sur le territoire national
- Préparer un cadre favorisant le développement de l’IA en prenant en compte les considérations économiques, sociales, éthiques, de souveraineté et de sécurité nationale
S’agissant des aspects recherche, ce rapport isole plusieurs « enjeux » dont certains résonnent plus comme des recommandations (incantatoires ??).
– Renforcer le soutien sur tout le front des recherches thématiques
– Favoriser la recherche aux interfaces
– Maintenir et renforcer les forces de travail en France
– Rapprocher les industriels de la recherche amont
– Accès et préparation des données – Disponibilité des codes et plate-formes
– Favoriser la prise de risque, fluidifier et simplifier l’accès aux financements
– Accès à des ressources matérielles de calcul dédiées
S’agissant des aspects formation, ce rapport présente 5 enjeux et 8 recommandations
- Sensibiliser le grand public et les décideurs aux enjeux de l’IA
- Créer un « plan IA» piloté par l’Agence du Numérique
- Introduction de modules techniques dans les écoles de management et des cadres de l’Etat
- Préparer les citoyens de demain à concevoir et interagir avec des IA
- Instauration d’un enseignement “IA, traitement des données et sciences numériques” de l’école primaire au lycée
- Développer l’écosystème des formations en IA en France afin qu’elles soient attractives et puissent se développer
- Inciter les interactions entre les centres de recherche, centres de formation et entreprises autour de l’IA pour favoriser l’innovation et l’attractivité de l’écosystème
- Encourager l’émergence de travaux de référence en droit, éthique, SHS relatifs aux questions nouvelles posées par l’IA
- Développer les moyens techniques pour la formation en IA
- Développer une ressource nationale (voire de la francophonie) de données non agrégées, structurées et labellisées en Français
- Pérenniser les initiatives logicielles open source française en IA bénéficiant à la recherche et à la formation
- Faire de l’Etat un pionnier dans l’adoption de l’IA
- Création d’un pôle d’innovation EdTech au sein du Ministère de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur et la Recherche
- Former les fonctionnaires et créer une expertise publique pour favoriser l’adoption de l’IA dans les administrations
Quelques illustrations méritent d’être présentées dont une carte de l’IA
Géographiquement, les 5300 chercheurs en IA se concentrent dans quelques régions, Ile-de-France, Occitanie, Auvergne-Rhônes-Alpes.
L’IA intéresse plusieurs domaines de recherche connexes, y compris en SHS
A la suite de ces travaux menés par les groupes de travail, plusieurs actions seront menées dès les prochaines semaines et au cours de l’année 2017 :
- Mise en place du comité stratégique #FranceIA rassemblant les sphères académique, scientifique, économique et la société civile, chargé de mettre en œuvre les recommandations des groupes de travail
- Coordination par la France d’une candidature à un « projet phare de technologie émergente » (« FET flagship ») sur l’I.A., co-financé par l’Union européenne (1 milliard d’euros)
- Lancement d’un nouveau programme mobilisant les institutions de recherche pour identifier, attirer et retenir les meilleurs talents en IA, dans le cadre de l’action Programmes prioritaires de recherche du P.I.A.3
- Financement d’une infrastructure mutualisée pour la recherche
- Constitution d’un consortium public-privé en vue de l’identification ou de la création d’un centre interdisciplinaire pour l’intelligence artificielle
- Inclusion systématique, d’ici fin 2017, de l’I.A. dans les priorités de l’ensemble des dispositifs publics de soutien à l’innovation
- Mobilisation des ressources publiques (Bpifrance, P.I.A.) et privées pour atteindre l’objectif d’ici 5 ans d’investir dans 10 start-ups françaises pour plus de 25 milions d’euros chacune
- Mobilisation des filières automobile, relation client, finances, santé et transport ferroviaire pour que chaque filière définisse une stratégie sectorielle I.A. d’ici fin 2017
- Lancement d’un appel à projets pour des plateformes sectorielles de partage de données pour 3 à 6 secteurs, d’ici la fin 2017
- Conclusion du débat éthique sur les « algorithmes » animé par la CNIL en octobre 2017
- Lancement d’ici l’été d’une concertation de France Stratégie sur la question des effets de l’intelligence artificielle sur l’emploi
Enfin, les ministères précisent, non sans un certain humour lié aux échéances électorales que l’ensemble des recommandations présentées sera étudié dans le cadre du comité stratégique #FranceIA pour préparer des décisions complémentaires dans les prochains mois et le futur ex-président de la République a annoncé, sans rire, que son objectif est de porter l’effort public à 1,5 Md€ sur 10 ans.
<http://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/2017/Conclusions_Groupes_Travail_France_IA.pdf>
Bonjour Michel,
Si la stratégie française pour l’IA en terme de financement de start-ups se résume à une « Mobilisation des ressources publiques (Bpifrance, P.I.A.) et privées pour atteindre l’objectif d’ici 5 ans d’investir dans 10 start-ups françaises pour plus de 25 milions d’euros chacune », alors nous allons regarder le train passer.
Depuis la Suisse, il est extraordinaire de constater à quel point la France est ingénieuse quand il s’agit d’inventer une nouvelle taxe sans dire à quoi elle va servir, ou mieux, s’en servir pour autre chose, voire d’en remplacer une par une autre sans que personne n’ait rien vu, ou même de fixer une taxe sur une TVA (le fin du fin, le haut vol).
En revanche, l’ingéniosité, quand il s’agit de financement de start-ups est inversement proportionnelle à l’ampleur de l’action à mener, alors qu’il y a pourtant pléthore de solutions simples envisageables:
– assouplir les règles du crowdfunding en augmentant les plafonds, les déductions fiscales, etc..
– créer des fonds d’amorçages spécialisés avec les mêmes règles, et avantages fiscaux,
– créer une mini-bourse accessible aux petites PME, dont les investisseurs pourraient déduire les sommes investies de leurs impôts,
– créer une banque de propriété intellectuelle pouvant nantir un brevet ou un savoir-faire et prêter la contre-partie au détenteur pour qu’il développe son idée,
– obligation de réinjecter 20% des rapatriements de fonds de l’étranger des exilés fiscaux dans les PME inventives et innovantes pour seule contrainte, sans pénalité, ni amende,
– etc..
Nous voyons que l’un des dénominateurs communs de ce qui précède est la fiscalité, dont la refonte en France me paraît la tâche immédiate pour libérer les énergies.
Cela pourrait faire l’objet d’un prochain article et d’un débat national maintenant que la France possède un Président qui semble s’intéresser aux entreprises et à l’innovation.
Bien à vous,
Laurent H. Selles
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