Transition énergétique : la France ne serait-elle pas plus vertueuse que l’Allemagne ?

Dresser un panorama des financements climat ou la cartographie des investissements énergétiques au niveau d’un pays peut être un instrument utile, afin de comprendre la manière dont les investissements et les modèles d’investissement répondent aux engagements nationaux climatiques. Ces méthodes peuvent contribuer à identifier un déficit ou un excédent en investissements dans certains secteurs économiques ou dans des technologies spécifiques. Les données relatives aux émissions de gaz à effet de serre (GES) et à la consommation d’énergie servent à mesurer les progrès des objectifs climatiques nationaux et internationaux. 

Un rapport de l’Office franco-allemand pour la transition énergétique (OFATE) présente un aperçu du suivi des investissements nationaux en faveur de la transition énergétique et du climat et y comparons les méthodologies et les résultats français et allemands. 

Signalons évidemment le facteur d’au moins 2 entre l’Allemagne et la France s’agissant des émissions GES, tant en valeur absolue que par habitant !

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=10&codeStat=EN.ATM.CO2E.PC&codePays=DEU&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=10&codeStat2=EN.ATM.CO2E.PC&codePays2=FRA&optionsDetPeriodes=avecNomP&langue=fr

Le rapport est même de 10 ( ! ) s’agissant de production électrique.

Le rapport de l’OFATE signale qu’en Allemagne, à ce jour, ni méthodologie commune, ni système de suivi n’ont été introduits sur le plan juridique. Les dépenses financières spécifiques au climat ne font pas partie des rapports budgétaires du gouvernement ou des intermédiaires financiers publics. En outre, les informations sur l’investissement privé sont fragmentées et insuffisantes. 

En France, les définitions et la méthodologie de suivi sont établies par la loi. Les données sont fournies par des enquêtes régulières ciblées, menées par des agences publiques. Toutefois, il reste difficile d’intégrer, avec précision, certains domaines d’investissement au panorama. Ceci concerne notamment les investissements réduisant les émissions de GES, qui ne sont pas induites par la combustion d’énergie, tels les investissements dans l’agroécologie ou la forêt. 

Malgré les différences de méthodologie pour lesquelles la France serait bien plus vertueuse, il est possible de faire plusieurs observations pertinentes sur la façon dont la France et l’Allemagne financent leurs transitions énergétiques : en Allemagne, les prêts à conditions avantageuses jouent un rôle important dans le financement de la transition énergétique. En France, par contre, on a recours à des instruments diffus. La banque de développement appartenant à l’État allemand (KfW) joue un rôle crucial dans le financement de la transition énergétique. Elle débourse 32 millions d’euros en prêts à conditions avantageuses pour les ménages, les entreprises et les acteurs publics, par le biais des succursales locales des banques privées, permet- tant d’accéder facilement à du capital pour des projets de différentes tailles. En France, la pratique de la « rétroces- sion » est moins développée. Différents acteurs s’appuient sur des instruments divers, tels que les obligations, les prêts à conditions avantageuses directement déboursés par les institutions financières appartenant à l’État, les aides, la dette commerciale, le financement par le bilan et autres. La part élevée d’investissements diffus reflète la difficulté d’attirer des investissements privés pour des projets de petite taille, en France. 

Dans les deux pays, le secteur du bâtiment attire la plus grande partie des investissements. Toutefois, ce secteur représente aussi le défi le plus important dans chacun des deux pays. D’après les évaluations, aucun des deux pays n’atteint ses objectifs spécifiques. Provenant essentiellement de sources publiques, les investissements dans le secteur des transports occupent la deuxième position en France. À l’inverse, ils ne sont pas à une place élevée en Alle- magne. La faible part des investissements dans les transports en Allemagne ne reflète pas une situation structurelle. Elle est plutôt la conséquence de l’absence de méthodologie permettant la prise en compte des investissements spé- cifiques au climat dans les infrastructures de transport. Les investissements dans la production et le transport d’énergie arrivent en seconde position en Allemagne et en troisième position en France, les investissements dans les installations d’énergies renouvelables étant en baisse depuis 2010 dans les deux pays. Enfin, les investissements dans la décarbonation du secteur industriel ne jouent pas un rôle très important, probablement en raison des prix bas sur le marché carbone EU-ETS. Au vu de l’évolution de la réduction des émissions GES, il est manifeste que, dans les deux pays, des efforts beaucoup plus importants sont requis pour atteindre les objectifs 2050. 

En ces temps de COVID-19, respectons tous la distanciation sociale et rendons hommage aux soignants à 20h00 tous les soirs. Bon courage à tous…

<https://energie-fr-de.eu/fr/systemes-marches/actualites/lecteur/note-de-synthese-externe-sur-le-panorama-des-investissements-dans-la-transition-energetique-en-france-et-en-allemagne.html?file=files/ofaenr/04-notes-de-synthese/02-acces-libre/05-efficacite-et-flexibilite/2019/IKEM_I4CE_OFATE_Panorama_investissements_transition_energetique_FR_DE_1930.pdf>

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