Risque de zoonoses et faune sauvage : options pour la régulation

Lorsque les gouvernants, sortant de la gestion des urgences, se demanderont comment éviter la prochaine pandémie, leur réflexion sur les changements à apporter aux institutions et instruments devrait s’articuler autour des pratiques qu’il s’agit de limiter, d’interdire, de guider et de recommander. Cette réflexion sur les pratiques en cause, leur nature et leurs responsabilités relatives dans la génération d’un risque, devra viser à ce que les innovations institutionnelles qui seront recherchées soient des réponses efficaces aux comportements sociaux qui sont impliqués dans la survenue et la gestion des risques pandémiques. Cibler les instruments pertinents sur les pratiques n’empêche cependant pas de prendre en compte les causes profondes et plus systémiques qui induisent ces pratiques ou rendent impossible d’en changer. 

Le risque de zoonoses émergentes est d’une part en lien avec l’élevage, d’autre part lié à l’accroissement des contacts entre hommes et faune sauvage. 

L’IDDRI vient de publier un Décryptage qui analyse les options pour la régulation des rapports entre humains et faune sauvage et, sur la base de la littérature disponible, propose d’identifier quatre principaux facteurs comportementaux impliqués dans les risques de zoonoses en lien avec la faune sauvage, qui appellent donc des réponses institutionnelles différentes. Il paraît crucial, en effet, de ne pas amalgamer les différentes pratiques de consommation de viande sauvage, ainsi que les facettes de la déforestation, dans les politiques à concevoir. 

Messages clés :

Des pressions internationales existent pour la prohibition des marchés d’animaux sauvages vivants, parfois qualifiés de wet markets. Cette approche a l’avantage de la radicalité, de l’exhaustivité, et de prendre en considération, outre le risque sanitaire, la protection des espèces menacées et le bien-être animal. Elle présente cependant le risque de générer des pratiques clandestines et de faire perdurer un risque mal contrôlé, qu’une approche par l’encadrement sanitaire des marchés pourrait, elle, réduire. 

Cette question ne doit pas être confondue avec celle de la chasse et de la viande d’animaux sauvages (comme la « viande de brousse »), dont l’encadrement nécessitera plutôt le déploiement d’équipes sur le terrain pour proposer une médiation entre autorités et populations concer- nées, endiguer les contaminations et prodiguer les soins. 

Les « intrusions » en forêt, qui occasionnent un accroissement des contacts hommes-faune sauvage, nécessiteront quant à elles un renforcement des moyens consacrés au contrôle des activités illégales, à la police et à la justice environnementales. 

Enfin, la déforestation par changements d’usage des sols, perturbant les écosystèmes et augmentant les risques épidémiques, renvoie à la question plus générale et plus difficile de la consommation d’espace par l’agriculture et, dans une moindre mesure, par l’urbanisation. L’intensification des engagements internationaux pour réduire l’empreinte forestière des importations (notamment européennes), des engagements à étendre les surfaces protégées, et par ailleurs à rendre effectif le contrôle de celles qui le sont déjà, sont des options déjà anciennes et que la prévention du risque sanitaire pourrait conduire à renforcer. 

https://www.iddri.org/sites/default/files/PDF/Publications/Catalogue%20Iddri/D%C3%A9cryptage/202004-IB0220-zoonoses%20regulation.pdf

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Mettez-le en favori avec son permalien.

Les commentaires sont clos.