Révolution numérique et emploi

Les travaux de l’Académie des technologies sont malheureusement souvent peu connus. Vient d’être publié un rapport de synthèse sur révolution numérique et emploi, issu des travaux d’un séminaire consacré aux relations entre l’innovation, la croissance et l’emploi . Alors que la révolution numérique se déploie, ce thème est lourd d’enjeux et d’implications , tant micro-que macro-économiques, tant pour la connaissance scientifique que pour l’élaboration des politiques publiques. Ce sujet n’est pas nouveau mais est forcément renouvelé par les spécificités de la nouvelle révolution technologique en cours et par les progrès de l’analyse économique.

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Ce rapport s’articule autour de trois interrogations :

  • quelles ont été depuis les années 1970 les grandes évolutions des relations innovation-croissance-emploi ?
  • quelles sont les caractéristiques spécifiques de la « transition numérique » en cours ? En particulier le mécanisme schumpetérien de destruction/création nette d’emplois sera-t-il encore valide ?
  • comment gérer la transition entre les deux phases de destruction et de création d’emplois ?

Le contexte politique nouveau pour la France devrait accélérer la mise en œuvre effective de réformes structurelles indispensables pour la croissance et l’emploi (réforme du marché du travail, réforme fiscale…) .

Il ne s’agit pas de faire croire à l’existence de remèdes miracles et ce rapport soulève plus de questions que de réponses définitives à l’impact de la transition numérique sur l’emploi :

  • Sommes-nous entrés pour longtemps dans la phase de destruction du modèle de destruction créatrice de Schumpeter avec un fort décalage dans le temps de la phase de création d’emplois ?
  • Ce modèle est-il encore applicable devant l’irruption généralisée de la transition numérique dans toutes les activités humaines ou sommes-nous entrés dans une période de stagnation séculaire de la productivité , de la croissance et de l’emploi ?
  • En plus de l’impact quantitatif sur l’emploi , l’évolution des métiers et le niveau des emplois futurs générés , les transitions technologiques actuelles ne vont- elles pas écarter du marché du travail toute une catégorie de personnes (les « inutiles ») avec des conséquences sociales et politiques dévastatrices ? Pour aller plus loin, assistons-nous à la fin du travail ?

Face à ces interrogations très anxiogènes, d’autres indices sur les effets réels de ces transitions indiquent que les impacts sur l’emploi de cette transition ne sont globalement pas si différents que ceux déjà observés dans les précédentes transitions technologiques , mais seront différenciés suivant les secteurs économiques et la nature des emplois . De façon générale, les innovations techniques sont la condition indispensable des gains de productivité et des augmentations de revenu. Sur le long terme, le potentiel d’innovation qu’offrent le numérique et les systèmes intelligents va-t-il créer des gains de productivité et de revenu qui pourraient se traduire par de nombreuses opportunités de travail et d’emplois ? Il faudrait pour cela que cette transition technologique s’accompagne des transformations sociales permettant de libérer ce potentiel d’innovation et de fluidifier les mobilités nécessaires par la flexibilité du droit social et la formation tout au long de la vie.

Il n’en reste pas moins que, comme le signale l’économiste Jean-Michel Charpin, « les relations entre innovation, croissance et emploi au niveau macro-économique restent une énigme ». En revanche, au niveau microéconomique force est de constater que les exemples de croissance et de création d’emplois liés à la mise en œuvre des nouvelles technologies sont nombreux et il faut s’en inspirer.

Il faut alors s’interroger sur la possibilité de consolider dans l’approche méso-économique l’émergence des nouveaux écosystèmes induits par les transitions technologiques.

L’Académie des technologies va poursuivre sa veille sur les travaux des experts ciblée sur quelques thèmes prioritaires tels :

  • les nouveaux indicateurs de productivité et de croissance au-delà du PIB,
  • l’équilibre différencié entre destruction et création d’emplois induites par les nouvelles technologies dans certains secteurs économiques (banque-finances-assurances, automobile , etc .),
  • l’analyse des freins réglementaires et sociaux qui empêchent l’adaptation de l’emploi aux évolutions technologiques,
  • la formation initiale et tout au long de la vie (équilibre centralisé/décentralisé , articulation des initiatives au niveau des entreprises et de l’État , etc .),
  • l’indispensable montée en compétences des PME ;
  • la libération de la dynamique d’innovation dans les territoires.

Signalons que ce thème fera l’objet d’un prochain séminaire d’octobre 2017 de l’Académie des technologies.

 <http://academie-technologies-prod.s3.amazonaws.com/2017/09/15/08/45/49/647/Actes_seminaire_ADT_2016.pdf>

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