La dépense nationale de recherche et développement (DNRD) s’est élevée en 2014 à 51,4 Md€, soit 2,4 % du PIB dont 19,9 Md€ (38%) par les administrations, donc le budget de l’Etat.
On ne peut donc que saluer la démarche du CIRAD qui a mis au point une méthode participative pour évaluer l’impact de la recherche appelée ImpresS (Impact des recherches au Sud / IMPact of RESearch in the South)
La recherche est de plus en plus appelée à démontrer son utilité et son impact sur la société. Preuve en est la structuration des stratégies nationale et européenne de recherche en défis sociétaux, voir en particulier http://science-innovation-developpement.com/anatomie-comparee-des-defis-societaux-dans-la-snr-et-h2020/.
Pour certaines disciplines, les résultats de la R&D diffusent rapidement dans le public. Pensons au numérique. Mais il est clair que, en général, les impacts de la recherche, et de la recherche agricole pour le développement, en particulier, se construisent sur le temps long et sont très diversifiés — positifs, inattendus, négatifs. Comme le remarquent les chercheurs du Cirad, les bailleurs de fonds et les décideurs politiques ont donc une double attente vis-à-vis des chercheurs et de leurs institutions : montrer de manière convaincante comment les investissements publics dans la recherche produisent d’une part des résultats scientifiques d’excellence et contribuent d’autre part à des innovations ayant un impact tangible sur le développement.
Pour évaluer ces impacts, la méthode ImpresS intègre le point de vue des acteurs de terrain. Elle a été testée sur 13 projets de recherche du Cirad et de ses partenaires.
ImpresS, utilisée en ex post, vise à répondre aux questions suivantes :
- Quels changements ont affecté la société dans la durée, à la suite des interventions de recherche ?
- Comment ces changements se sont-ils produits et pourquoi de cette manière ?
- Quelle a été la contribution réelle de la recherche ?
- Quelle est la diversité des impacts associés à ces changements, leur intensité et leur ampleur ?
L’application de cette méthode a fait ressortir 3 points particuliers :
- Interagir avec tous les acteurs est essentiel pour produire de l’impact
- Le renforcement des capacités au cours du processus d’innovation est un catalyseur pour engendrer les impacts
- Les impacts sont diversifiés et se construisent sur le temps long
Ces points ont des conséquences sur les institutions de recherche :
- Assumer les multiples rôles de la recherche et s’impliquer dans les systèmes d’innovation
- Favoriser les interactions avec les acteurs de l’innovation et les acteurs politiques
- Expliciter les hypothèses de chemins de l’impact
Existent aussi des conséquences/recommandations pour les commanditaires et les bailleurs de fonds de la recherche :
- Considérer une large gamme d’impacts possibles
- Inscrire l’action dans le temps long
- Ajuster la programmation en fonction du suivi des hypo- thèses d’impact
En conclusion, le Cirad note qu’améliorer l’impact de la recherche signifie se défaire de l’illusion de la promesse de l’impact à très court terme et promouvoir, auprès des chercheurs comme des bailleurs de fonds, une meilleure compréhension des mécanismes à l’œuvre pour générer l’impact sur des pas de temps plus longs. Seule une « culture de l’impact », fondée sur cette compréhension, attentive à capitaliser sur les expériences collectives, s’appuyant sur des outils rigoureux et asso- ciant tous les acteurs, peut garantir la capacité d’avoir de l’impact.