L’Indonésie est régulièrement victime des soubresauts terrestres, volcanismes, tremblements de terre ou tsunami. Elle est située sur la ceinture de feu du Pacifique. L’histoire retient l’éruption du Krakatoa en août 1883 qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et atteint l’Europe, notamment par la nébulosité de cendres qui dura plusieurs années, et, plus récemment, le tsunami de décembre 2014 qui tua plus de 220 000 personnes dans la région. C’est la région au monde la plus exposée aux catastrophes naturelles.
L’Indonésie, ce n’est pas moins de 270 millions d’habitants… Une déforestation galopante… Et des éruptions volcaniques qui émettent beaucoup de CO2. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’Indonésie a aussi sa part dans la régulation du réchauffement climatique.
L’actualité récente de la recherche a mis l’Indonésie au premier plan, s’agissant du changement climatique.
C’est d’abord un article dans Science qui met en évidence que dans le Pacifique, une poche d’eau froide contribuerait à « climatiser » la Terre.
L’océan Pacifique garderait caché au fond de ses entrailles une poche d’eau froide vieille de plus de 600 ans qui contribuerait ainsi à «climatiser» la Terre. Et sa disparition pourrait s’avérer catastrophique. Telle est la conclusion des travaux de deux chercheurs américains. Ils ont compilé des mesures modernes et historiques de circulation océanique pour détecter et quantifier l’influence du refroidissement de la période glaciaire sur les profondeurs intérieures du Pacifique.
Il y a mille ans, l’hémisphère nord de notre planète connaissait une période de réchauffement climatique appelé «optimum climatique médiéval» qui a été suivie à partir du XIIIème siècle par un refroidissement global, la petite ère glaciaire. La cause de ce net refroidissement serait une activité volcanique se développant en Indonésie.
Ce que les chercheurs démontrent aujourd’hui, c’est que cette vague de froid qui a touché le globe à l’époque n’aurait toujours pas fini d’être évacuée par l’océan Pacifique. Cette poche de froid n’est plus présente dans l’Atlantique, le Gulf Stream, qui transporte la chaleur de l’atmosphère dans les profondeurs, a «épuisé» bien plus rapidement cette réserve que le Pacifique.
Cette réserve de froid a pu rester très longtemps piégée dans les profondeurs et agir alors sur la température globale du globe en absorbant la chaleur du Pacifique, ce qui a sans doute permis de continuer à limiter les effets du réchauffement ces dernières années. Mais cette réserve va finir par se tarir.
Nous ne sommes pas en mesure de dire si l’impact de ce refroidissement du Pacifique peut avoir des conséquences sur les prévisons du GIEC analysent les auteurs. Mais l’influence de l’optimum climatique médiéval et de la petite ère glaciaire est de moins en moins important, comparé aux effets anthropiques. Les conclusions fondamentales du dernier rapport du GIEC, en octobre, ne devraient pas en être modifiées.
Selon les géologues, les changements naturels de température à long terme sur notre planète résultent de variations dans les concentrations atmosphériques de CO2. Ils soupçonnent depuis longtemps la tectonique des plaques d’influencer lourdement le climat mondial. Aujourd’hui, une équipe apporte quelques précisions en la matière, s’appuyant sur l’exemple des montagnes d’Indonésie. Si le pays ne représente que 2 % de la superficie des terres de notre planète, il éponge 10 % du volume de CO2 absorbé dans le monde.
Le secret d’une telle efficacité : des montagnes issues d’une collision tectonique colossale entre une chaîne de volcans insulaires et le continent. Des montagnes constituées donc de roches riches en magnésium et en calcium, anciennement enfouies dans l’océan. Ces roches-là, arrosées par les pluies tropicales, se révèlent incroyablement efficaces à capturer le CO2 atmosphérique pour le transformer en calcaire !

“Ces montagnes sont le principal interrupteur du climat mondial ». Des chercheurs annoncent même aujourd’hui que l’apparition de ce type de montagnes tropicales coïncide avec la quasi-totalité de la demi-douzaine de périodes glaciaires qu’a connue la Terre depuis 500 millions d’années. « Ces montagnes pourraient bien constituer le principal interrupteur du climat mondial », va même jusqu’à avancer Francis Macdonald, géologue à l’université de Californie, à Santa Barbara.

Ainsi, les périodes glaciaires d’il y a 50 et 90 millions d’années pourraient être le résultat de collisions entre une chaîne de volcans insulaires dans l’océan Néotethys, aujourd’hui disparu, et les continents asiatique et africain. Une analyse du champ magnétique des roches formées lors de l’apparition des Appalaches, il y a quelque 460 millions d’années, montre que des montagnes se sont élevées jusque sous les tropiques alors qu’une nouvelle période glaciaire commençait.
Quelques coïncidences ? Pour en avoir le cœur net, les chercheurs ont analysé toutes les sutures tectoniques – ces cicatrices laissées par l’affrontement entre deux croûtes – connues pour contenir des fragments de fonds marins volcaniques. Magnétisme des roches et modèles de dérive des continents leur ont permis de déterminer leurs anciennes latitudes. Des résultats qu’ils ont ensuite comparés à des enregistrements climatiques pour confirmer la corrélation avec les périodes glaciaires.
Certains remettent déjà en question ces résultats, arguant plutôt de l’influence prépondérante du volcanisme sur le climat. Mais, selon Francis Macdonald, la force de cette théorie réside non seulement dans sa capacité à prédire le début des périodes glaciaires, mais également leur fin. Ainsi, un climat chaud semble correspondre à l’état naturel de la Terre. Du type de celui qu’elle a connu pendant les trois quarts des 500 derniers millions d’années. Et les collisions survenues en Indonésie seraient de nature à faire basculer le climat mondial dans une période glaciaire. Jusqu’à ce que les montagnes s’érodent et que les continents poursuivent leur dérive, laissant alors la planète se réchauffer.