Les nouveaux indicateurs de développement

Ce que l’on mesure guide ce que l’on fait. Tel a été un point de l’introduction de Claude Bartolone, Président de l’Assemblée Nationale, du dernier débat des Mardis de l’Avenir organisé sur les nouveaux indicateurs du développement.

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Il y a eu un premier consensus des participants pour aller au delà de l’indicateur classique du PIB pour mesurer la croissance soutenable et le progrès. Claude Bartolone a rappelé l’adoption en première lecture par l’Assemblée nationale le 29 janvier dernier de la proposition de loi visant à la prise en compte des nouveaux indicateurs de richesse dans la définition des politiques publiques. Il a qualifié le PIB d’instrument de mesure hégémonique de notre comptabilité nationale et le guide suprême de l’évaluation de nos politiques publiques. Sa croissance est le « Graal » de l’action de tout Gouvernement. Mais le PIB ne suffit plus à mesurer la croissance soutenable et le bien-être d’un pays et qu’il ne permet plus de garantir le progrès d’une société et son développement durable car il ne dit rien sur l’accroissement des inégalités sociales, sur les inégalités d’accès à l’éducation et à la santé, sur la dégradation environnementale, qu’il s’agisse de perte de biodiversité, d’empreinte écologique ou d’épuisement des ressources naturelles, ou plus simplement sur le temps de loisir ou la qualité de vie.

Selon le Président de l’Assemblée Nationale, le PIB n’a pas non plus permis de prédire la crise de 2008, ni sa violence, car il cache la dimension spéculative que peut présenter la croissance et occulte l’insoutenable trajectoire de notre économie. Le PIB correspond à un choix dans une société donnée : celle de l’après-guerre, celle d’une humanité qui a besoin de rebâtir et de se reconstruire. Historiquement, le PIB a eu tout son sens comme indicateur phare. Mais la société de 2015 n’est pas celle de 1945.

Il a regretté que la Commission STIGLITZ, créée pour répondre aux interrogations croissantes sur la pertinence du PIB comme indicateur de performance économique et mesure du bien-être social et du développement durable ait eu plus de résonance à l’étranger.

Lors du débat, Christian Eckert, secrétaire d’Etat au budget a assuré que Bercy n’était pas réticent au fait d’utiliser d’autres indicateurs que le PIB, bien au contraire. Claude Bartolone a rappelé que des indicateurs de développement durable sont (…) publiés chaque année par Bercy, au moment du dépôt du projet de loi de finances. Mais ils sont cachés dans une annexe du rapport économique, social et financier de la nation, lui-même joint au projet de loi de finances. Peu de monde y prête attention. Ils n’alimentent aucun débat. Et ils ne sont pas exploités, ni pour évaluer les orientations budgétaires présentées, ni pour réorienter les objectifs de notre activité.

Eva Sas, député de l’Essonne a mis en avant le besoin de trois ensembles d’indicateurs concernant respectivement l’environnement et le patrimoine futur, le patrimoine économique actuel, la qualité de vie.

Géraldine Thiry, de l’université catholique de Louvain, s’est interrogé sur la pertinence, l’usage et la finalité des indicateurs. Elle a regretté le manque de vision cohérente des nouveaux indicateurs développés, qu’ils soient composites ou agrégés. Elle a néanmoins souligné le consensus pour disposer d’un tableau de bord simple avec en particulier des indicateurs de finalité et des indicateurs de contraintes (environnementales en particulier).

Damien Demailly de l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales), a indiqué qu’en France, un panel de 54 indicateurs de développement durable était utilisé, panel dans lesquels chacun peut puiser. Un effort de rationalisation a été fait en Allemagne où seuls 10 indicateurs sont utilisés.

Au delà de la limitation du PIB, l’ensemble des participant considère qu’un indicateur est un choix de nature politique, qu’un indicateur sert à la fois à la communication, à des comparaisons, au pilotage… et qu’un indicateur n’a de sens qu’en évolution (sur le long terme) ou en comparaison. Une ouverture à d’autres indicateurs nécessite une définition du (au moins une réflexion sur le) monde que nous voulons, ce qui ne peut se faire sans une participation des citoyens et une démarche d’évaluation.

Selon Claude Bartolone, la sélection des nouveaux indicateurs est une démarche éminemment politique, puisque ces derniers servent à piloter des politiques publiques. L’implication citoyenne est nécessaire, car le choix de ces instruments de mesure reflète l’adoption d’un projet de société et d’un modèle de vie.

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2 pensées sur “Les nouveaux indicateurs de développement

  1. Personnellement, je n’ai jamais compris pourquoi on calculait la dette publique en pourcentage du PIB…
    Un jour, un économiste de renom (je préfère ne pas le citer car j’ai peur de déformer ses propos) m’a expliqué que cet indicateur n’avait pas de sens. Le PIB a été créé au sortir de la 2nde guerre mondiale alors que les impôts ne rentraient pas dans les caisses d’états totalement désorganisés. En 1945, dans un monde en reconstruction, il avait un sens.
    Les choses ont évolué, il serait temps de remettre en cause ces indicateurs.
    Pour mémoire le PIB augmente avec les pollutions, les accidents de la route etc. Bref, plein de bonnes choses qui font le bonheur de l’humanité.
    Que dirait-on d’une entreprise certifiée ISO **** qui ne s’interrogerait pas sur la pertinence de ses indicateurs en revue de direction annuelle ?

  2. Moralité : il est grand temps, pour tous les responsables, d’apprendre à mettre en oeuvre les quatre compétences/outils du management de l’intelligence collective afin que les futures décisions soient éclairées par les parties prenantes.