Le GPS des classements internationaux

Nous sommes tous devenus obnubilés par les notes et autres classements. Evaluations d’hôtels, restaurants, vins, écoles, rythment nos vies…

Business France a publié un Livre blanc des classements internationaux. L’idée est d’aider à se repérer entre réalités et perceptions. Dans 3 domaines : Compétitivité – Attractivité – Innovation et enseignement supérieur. Pour chacun de ces domaines, plusieurs classements sont examinés.

L’analyse pour pour l’enseignement supérieur se concentre sur trois classements.

Academic Ranking of World Universities

Le « Classement de Shanghai » est établi par le cabinet Shanghai Ranking Consultancy. Son objectif initial était de comparer les universités chinoises aux meilleures établissements mondiaux. L’édition 2017 évalue plus de 1 300 facultés et publie le classement des 500 meilleurs établissements d’enseignement supérieur.

Il s’appuie sur quatre critères, reposant sur six indicateurs :

  • qualité de l’éducation (10 %) : nombre d’anciens élèves ayant reçu un prix Nobel ou une médaille Fields ;
  • qualité des professeurs (40 %) : nombre de professeurs ayant reçu un prix Nobel ou une médaille Fields (20 %) et nombre de chercheurs les plus cités dans leur discipline (20 %) ;
  • production scientifique (40 %) : nombre d’articles publiés dans les revues Nature et Science entre 2011 et 2015 (20 %) et nombre d’articles indexés dans Science Citation Index Expanded et Social Sciences Citation Index en 2015 (20 %) ;
  • performance académique (10 %) : la pondération de ces cinq premiers indicateurs divisée par la taille du corps professoral.

Pour chaque indicateur, un score de référence de 100 est attribué à l’université ayant le meilleur résultat. La performance des autres écoles est ensuite exprimée par rapport à cette valeur.

Financial Times

Chaque année depuis 2004, le Financial Times publie le palmarès des meilleurs masters en management.

Le Financial Times s’appuie sur une enquête en ligne annuelle, réalisée en 2017 auprès de 102 écoles de commerce et 6 300 anciens élèves ayant obtenu leur diplôme en 2014. Pour être pris en compte dans l’enquête, un établissement doit enseigner des programmes à plein temps d’où sortent au moins 30 diplômés par an.

L’évaluation prend en compte 17 critères :

  • six critères reposent sur l’évaluation des anciens diplômés (58 % du score final) :
    la rémunération des diplômés, l’augmentation de leur rémunération depuis l’obtention de leur diplôme, la valeur ajoutée de la rémunération par rapport aux coûts de
  • la formation, le déroulement de carrière, l’atteinte de leurs objectifs par les diplômés, l’efficacité du placement des jeunes diplômés par le service Carrières ainsi que leur mobilité internationale en début de carrière ;
  • dix critères sont liés aux caractéristiques du corps professoral et étudiant, et reposent sur les données fournies par les institutions (42 % du score final) : l’insertion professionnelle dans les trois mois suivant la formation, la part des femmes dans le corps professoral, parmi les étudiants ainsi que dans l’équipe dirigeante, la part des étrangers dans le corps professoral, parmi les étudiants ainsi que dans l’équipe dirigeante, la part des doctorants dans le corps professoral, les expériences internationales suivies au cours de la scolarité (programmes d’échange, stages, etc.), et enfin le nombre de langues étrangères nécessaires à l’obtention du diplôme.

U-Multirank (Commission européenne)

Lancé en mai 2014 par la Commission européenne, le classement mondial U-Multirank est un outil de comparaison des performances universitaires. La 4e édition, publiée en mars 2017, évalue plus de 1 500 établissements d’enseignement supérieur (contre 1 300 en 2016) dans 99 pays.

Conçu comme une alternative aux grands classements existants (Shanghai, QS, Times Higher Education), U-Multirank présente la particularité de ne pas publier de palmarès unique mais de donner « une image complète de la diversité de la performance des universités ». À la différence des classements classiques,

il permet aux étudiants d’évaluer les forces et faiblesses des établissements en fonction de leurs propres intérêts. Un outil en ligne permet de comparer les institutions en fonction de 35 critères répartis en cinq dimensions :

  • la qualité de l’enseignement ;
  • les performances en matière de recherche ;
  • l’ouverture sur l’international ;
  • le transfert de connaissances ;
  • l’engagement régional.

L’outil propose une évaluation globale de la performance des universités ou une évaluation spécifique pour 16 disciplines : ingénierie (électrique, mécanique, civile, industrielle et chimique), gestion, psychologie, informatique, médecine, biologie, chimie, mathématiques, histoire, sociologie, économie et travail social.

Les données utilisées proviennent d’enquêtes de perception réalisées auprès des universités et des étudiants, ainsi que de bases de données internationales.

Analyse de Business France

Les critères retenus dans les classements des universités sont davantage adaptés aux universités anglo-saxonnes qu’aux universités européennes.

Les critères de publications et de citations se basent sur des revues majoritairement anglophones, ce qui exclut les publications non anglophones et les autres canaux de promotion, comme les conférences.

Les différences de taille entre les établissements affectent mécaniquement les scores. Face à cette réalité, le gouvernement a décidé de regrouper les universités françaises entre elles pour en faire des pôles plus grands et compétitifs. Le pôle Paris-Saclay a ainsi pour but de rassembler en une seule entité des universités et des écoles telles que Polytechnique, l’université Paris-Sud ou encore HEC pour en faire un leader européen de la recherche scientifique. Si la fusion d’universités a permis de gagner quelques places, les nouvelles entités créées sont confrontées au problème de la délivrance des diplômes, obligatoire pour être intégré dans un classement.

Le système de recherche français est atypique et se trouve tout particulièrement pénalisé. Les activités de recherche ne se développent pas uniquement à travers les établissements d’enseignement supérieur. La diversité des acteurs de la recherche en France est d’ailleurs soulignée par les classements internationaux : ainsi, le CEA fait partie des 100 plus grand innovateurs mondiaux recensés par le Top 100 Global Innovators de Clarivate Analytics et est classé 2èmedu World’s Most Innovative Research Institutions de Thomson Reuters. Le CNRS est quant à lui classé au 1e rang mondial pour les publications scientifiques selon l’index de Nature.

Dans ce contexte, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation s’est impliqué dans la construction du système européen de qualification des universités : le classement U-Multirank. L’attractivité des établissements d’enseignement supérieur et de recherche est un objectif important de la loi d’orientation sur l’enseignement supérieur et la recherche et de l’agenda stratégique de la recherche France Europe 2020, et ne peut pas être lue à travers le seul prisme des classements anglo-saxons.

Avec des critères relatifs à l’enseignement et aux formations, au rayonnement régional, à l’internationalisation, à la recherche et à l’innovation ainsi qu’au transfert des connaissances, U-Multirank présente une mesure pertinente de l’attractivité internationale des universités, constituant un outil plus efficace pour l’orientation des étudiants et, donc, pour leur réussite. Bien que son interface gagnerait à être simplifiée, U-Multirank propose une approche multidi- mensionnelle plus adaptée aux besoins des utilisateurs, permettant d’éviter les écueils des classements classiques. Cependant, le fait que les institutions se voient attribuer une note de A à E simplifie le classement et donne moins d’informations sur les écarts existant entre les différents établissements.

Quelques remarques ((im)pertinentes

Il faut d’abord noter la remarque du rapport, pour U Multirank : « au classement généraliste, on retrouve quatre universités françaises parmi les 20 premières mondiales : l’Edhec, 3ème; l’Essec, 6ème; Télécom ParisTech, 8ème; INP Grenoble, 18ème. » … Sauf que les trois premières ne sont pas des universités.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que les établissement français les mieux notés, les écoles de management, sont privées, managées comme des entreprises, très sélectives, avec des frais d’inscription élevés mais aussi un retour sur investissement important. Ne serait-ce pas à l’opposé des politiques publiques souhaités par certains ???

Enfin, globalement, il faut remarquer que, méthodologiquement, deux point sont importants mais à bien distinguer : les critères utilisés, l’analyse des résultats.

Le choix des critères est fondamental et dénote l’approche sous-jacente de l’éditeur du classement : les critères en « nombre de … » privilégient évidemment les grosses structures contrairement à ceux en « taux de … ».

S’agissant de l’analyse des données, et pour oser une comparaison sportive en ces temps de JO et autres compétitions mondiales, les vrais résultats sont fournis par les donnéeselles-mêmes, les « classements » ou autres « palmarès » ne relevant que d’articles, analyses ou autres chroniques de journalistes (L’Equipeou Midi Olympiquepar exemple dans le domaine sportif, L’Etudiantou Usine Nouvellepour les classements nationaux des Grandes écoles).

https://www.businessfrance.fr/Media/Default/PROCOM/Médiathèque/LIVRE%20BLANC_exe_FR12_BD%20double%20page%20complet.pdf

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