La constance de la politique française de soutien à la R&D des entreprises commence à payer. La France conserve un solide avantage compétitif vis-à-vis de ses concurrents qui entraîne une attractivité accrue. La mutation de l’écosystème recherche-innovation- développement se poursuit. Telles sont les conclusions, optimistes, de l’enquête de l’ANRT sur la comparaison internationale du coût du chercheur.

Cette année, plus de 60% des effectifs de recherche des entreprises membres du panel de l’ANRT 2018 sont localisés en France(cf. taille du drapeau français). Cette proportion croît depuis trois ans (de 48% en 2016 à 62% cette année). Les entreprises de notre panel, issues de secteurs variés et fortement concurrentiels, privilégient la France pour leur R&D. Et ce, en continuant à accroître leur « présence recherche » à des fins d’adaptation ou d’inspiration là où elles visent la croissance de leur chiffre d’affaires. En Europe, investir en France demeure avantageux, compte tenu du haut niveau de compétences accumulées dans les domaines scientifiques et techniques à la frontière des connaissances. Le CIR représente l’un des principaux nudges, « petits coups de coude amicaux », à l’élaboration d’un écosystème attractif et créateur de valeur.

Rétrospectivement, l’accélération du CIR en 2007-2008 ne pouvait mieux tomber. Le CIR a accompagné la transition vers l’économie de la connaissance des entreprises en France. Les entreprises du secteur industriel manufacturier ont très nettement intensifié leurs efforts de R&D, se dotant progressivement d’équipes de recherche de plus en plus étoffées. Selon les résultats de notre analyse contrefactuelle (cf. graph. 2), les entreprises sont convaincues de l’intérêt de cet investissement dans les connaissances : elles ont progressivement boosté leur potentiel de croissance, jusqu’à 77000 chercheurs et scientifiques de plus en 2015. Le CIR s’est avéré un signal favorable reçu 5 sur 5 par les entreprises qui ont fait de la France leur hub de R&D.

Le CIR accompagne la mutation de nos écosystèmes vers l’économie de la connaissance avec des équipes de R&D enrichies en docteurs. Grâce au CIR, les équipes de R&D se différencient et se spécialisent. On constate, au sein du Panel, la présence de près de trois fois plus de docteurs que dans la moyenne des entreprises de France.
Alors que les docteurs représentent en moyenne 12% des effectifs de R&D dans les entreprises en France, les principaux bénéficiaires du CIR du Panel ANRT mobilisent 33% de docteurs dans leurs équipes de R&D.

Avec un cours du chercheur à 72, le hub France se présente en position de force face aux pays Asiatiques.
L’Espagne persévère, avec des politiques régionales fortes et contrastées : ingénierie fiscale astucieuse et partenariats public- privé sur des domaines choisis, tels les procédés environnementaux, tentent d’installer les centres ibériques sur la carte du monde. La réimplantation massive espérée tarde à venir, le retour s’avère risqué et aléatoire.
Les USA se stabilisent à un niveau élevé (141). La combinaison d’une politique fiscale agressive et d’un accroissement de la rareté des chercheurs dans les secteurs en tension ouvre une période très incertaine.
Toutefois, l’attractivité du territoire national est fragile. Les pointages successifs réalisés auprès des entreprises du panel suggèrent un impact significatif du différentiel de coûts des chercheurs. On y constate une tendance à l’accroissement relatif du poids des effectifs en France. La préservation d’une R&D efficace sur ses axes techniques spécialisés repose sur une demande en R&D récurrente et de haut-niveau. Dans les groupes, les équipes de recherche localisées en France, souvent interconnectées, sont de fait en compétition interne avec les autres équipes localisées ailleurs. Le différentiel de coût du chercheur est un signal clair qui facilite la prise de décision, en central, quant à la localisation d’un sujet de recherche dans une zone géographique donnée (Europe, Asie, Amérique du Nord, Amérique du Sud).
Bonne analyse . Cependant il manque le tableau comparatif des montants des redressements fiscaux sur CIR selon la taille des entreprises : les GE et ETI ont appris comment satisfaire à la lettre aux critères d’éligibilité au CIR … ( grâce aux multiples sociétés de conseils juridiques ). Par contre les PME rendaient jusqu’à 1/3 des subventions jusqu’en 2008 environ . Qu’en est-il aujourd’hui ? Les PME doivent aussi faire de l’innovation , que ce soit au fil de l’eau , ou en innovation de rupture .