La stratégie nationale de recherche publique

C’est ce lundi 14 décembre que la Stratégie Nationale de Recherche (SNR) a été présentée au Premier ministre et donc « institutionnalisée ». Inscrite dans la loi « Fioraso » du 22 juillet 2013, elle a été élaborée entre septembre 2013 et janvier 2015 selon un processus itératif et participatif qui a associé largement la communauté scientifique à travers les alliances nationales de recherche, des groupes de travail thématiques, et le Conseil stratégique de la recherche (CSR). Le projet avait été publié le 5 mars 2015 sur le site du ministère (http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid24538/strategie-nationale-de-recherche-s.n.r.html)  et avait fait l’objet d’un article de ce blog ( http://science-innovation-developpement.com/nouvelle-strategie-nationale-de-recherche-france-europe-2020/ ). Cette SNR complète la Stratégie Nationale de l’Enseignement Supérieur (STRANES), http://science-innovation-developpement.com/la-france-se-dote-dune-strategie-de-lenseignement-superieur/ ).

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Lors de son allocution, le premier Ministre a présenté la SNR comme permettant d’avoir une vision d’ensemble des enjeux globaux qui soit éclairée par la recherche. Il a assuré que les moyens pour la recherche seraient maintenus. Pour lui, les chercheurs doivent assurer une meilleure diffusion des résultats de recherche pour mieux irriguer nos entreprises et éclairer l’élaboration des politiques publiques. En matière de recherche,  Manuel Valls a trois mots d’ordre : investir (via le PIA qui va faire émerger des laboratoires de convergence pluridisciplinaires), simplifier (les procédures, l’organisation, le dialogue Etat-université), ouvrir (des opportunités, des horizons). La France a besoin de sa recherche a t’il conclu.

Pour Najat Vallaud-Belkacem, la SNR est un cap qui a pour objectif d’assurer notre place en matière de recherche et de mobiliser les énergies. La SNR nous rassemble. Elle nous mobilise. Elles s’appuiera, pour être mise en place, sur les contrat d’objectif des organismes, la programmation des agences, les appels d’offre européens .

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Thierry Mandon, quant à lui, a trois priorités : 50% des crédits budgétaires vers la recherche fondamentale, la simplification (lui aussi), les SHS.

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Avant de faire ultérieurement une analyse de cette SNR, précisons ses objectifs et son contenu (source MENESR).

Objectifs et principes

La SNR affiche la double ambition de maintenir la place de notre pays parmi les premières puissances de recherche mondiale et de répondre aux défis scientifiques, technologiques, environnementaux et sociétaux du XXIème siècle. Elle doit identifier les verrous scientifiques et les ruptures, et créer les conditions favorables au développement de nouveaux concepts pour y répondre.

Elaborée tous les 5 ans, la SNR n’a ni prétention ni vocation à embrasser l’ensemble des champs scientifiques. Elle vise à identifier les grandes priorités et/ou une feuille de route scientifique et technologique pour répondre aux enjeux prioritaires du pays en termes de développement socio-économique, de redressement industriel et de transition environnementale.

Les priorités de recherche, par leur orientation sur les enjeux sociétaux, relèvent des politiques publiques de différents ministères. La stratégie de recherche est donc coordonnée et interministérielle. Elle est essentiellement fondée sur une approche inter et pluri disciplinaire qui s’appuie sur une recherche fondamentale au meilleur niveau international. Sa mise en œuvre forme une partie seulement des moyens mobilisés dans l’effort national de recherche.

Défis sociétaux et recherche fondamentale

Dix grands défis sociétaux ont été identifiés dans la SNR (aussi qualifié d’agenda stratégique France Europe 2020), en cohérence avec les enjeux du programme cadre européen Horizon 2020 :

  1. Gestion sobre des ressources et adaptation au changement climatique
  2. Une énergie, propre, sûre et efficace
  3. Stimuler le renouveau industriel
  4. Santé et bien-être
  5. Sécurité alimentaire et défi démographique
  6. Mobilité et systèmes urbains durables
  7. Société de l’information et de la communication
  8. Sociétés innovantes, intégrantes et adaptatives
  9. Une ambition spatiale pour l’Europe
  10. Liberté et sécurité de l’Europe, de ses citoyens et de ses résidents

Ces grands défis sociétaux nécessitent, pour être relevés, des ruptures scientifiques amont qui sont issues de la recherche fondamentale à long terme, risquée, exploratoire, non programmée. La recherche fondamentale est le ferment incontournable de la recherche appliquée et du développement technologique : elle leur ouvre la voie et se nourrit en retour de questions de recherche posées par les applications et des avancées technologiques induites. En ce sens, pour la SNR, la recherche fondamentale, constitue un défi permanent, transversal à tous les autres.

Orientations prioritaires et programmes d’actions

Dix groupes de travail ont rassemblé près de 400 scientifiques et experts des ministères techniques, des entreprises et du monde académique afin d’établir 3 à 5 orientations prioritaires par groupe, soumises en ligne à la sagacité de toute la communauté scientifique. Ces orientations ont servi de base à l’élaboration de 14 programmes d’action regroupés en 4 grandes thématiques :

Données massives (Big data) ou mégadonnées

  • Données massives et ingénierie de la connaissance
  • Résilience des systèmes complexes
  • De l’information à la décision
  • Sécurité et cybersécurité des infrastructures

Environnement, énergie et développement durable

  • Le système terre : connaissance, surveillance et prévision
  • Bio-économie au service de la transition énergétique et écologique
  • Matériaux stratégiques dans une économie durable
  • Transition énergétique pour les territoires

Vie et santé

  • Biologie des systèmes
  • Recherche translationnelle : du laboratoire au patient

Homme et société

  • Vers des espaces urbains rénovés et durables
  • Technologies et services pour des transports durables
  • Collaboration humain – machine
  • Sciences humaines et sociales globales et connectées

Les Programmes d’actions proposés au Gouvernement

Parmi ces 14 programmes d’action, validés par le Conseil stratégique de la recherche, cinq ont été retenus, à traiter avec une urgence particulière compte tenu de la diversité de leurs impacts économiques et sociaux, des dynamiques internationales en cours et de la maturité des actions envisagées :

  • « Big data : un gisement exceptionnel de connaissances et de croissance» : l’explosion du volume de données numériques représentant un gisement exceptionnel de connaissances nouvelles et de croissance économique.
  • « Système terre : observation, prévision, adaptation : organiser l’acquisition et l’exploitation des données d’observation de la Terre pour anticiper les conséquences du changement climatique» : le rôle de la science et de l’innovation étant premier dans l’analyse et la gestion du risque climatique, alors que la France va accueillir cette année la 21e Conférence des parties et s’est donné l’objectif d’un accord international ambitieux.
  • « Biologie des systèmes et applications : Soutenir l’émergence de concepts nouveaux pour la compréhension du vivant et développer les applications médicales et industrielles »: l’effet du développement de la biologie des systèmes révolutionnant notre compréhension du vivant et proposant de nombreuses applications associées dans la santé, l’environnement, l’alimentation, la chimie.
  • « Du laboratoire au patient : Associer recherche en laboratoire, recherche clinique et innovation privée pour le bénéfice des patients» : une offre de soins toujours plus innovante et efficace pouvant être mise en œuvre, grâce au développement d’approches thérapeutiques innovantes, de nouveaux protocoles de soins, et de modalités plus personnalisées de prise en charge des patients, avec la médecine de précision.
  • « Homme et cultures : Appréhender les phénomènes humains dans leurs réalités individuelles et sociales » : la connaissance des cultures et de l’homme étant une composante nécessaire pour assurer le dialogue, analyser les ressorts de l’intégration et, à l’inverse, de la radicalisation, dans nos sociétés plus globalisées et interconnectées que jamais.
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