Instituts Carnot : un dispositif vertueux et efficace de recherche partenariale

Dix ans après leur création, les Instituts Carnot ont fait la preuve de leur efficacité en matière de recherche partenariale.

Lors de la manifestation célébrant ces 10 ans d’activité, le 23 septembre, plusieurs responsables se sont exprimés, annonçant en particulier 45 M€ de dotation « cash » pour 5 filières Carnot, le lancement de l’appel d’offre Carnot 3 pour le 15 novembre et une volonté commune de valoriser la marque Carnot et de davantage intégrer les PME.

Carnot

Rappelons qu’un institut Carnot est une structure de recherche publique, labellisée, qui s’associe avec des industriels pour faire de la recherche partenariale. Les 34 instituts Carnot représentent 15 % de la recherche publique mais 55 % de la recherche externalisée par les entreprises vers la recherche publique française. Ils regroupent 27 000 ETP dont 8 000 doctorants (1 400 en contrat Cifre). Sont en cours 7 500 contrats avec 2 000 entreprises, dont 900 PME, pour 455 M€. 65 sociétés sont essaimées par an. 1 050 brevets ont été déposés en 2014.

Thierry Mandon annonce le lancement de l’appel à projets « Carnot 3 » pour le 15 novembre 2015 et sa volonté de clarifier les relations entre Bercy et le ministère de la recherche

Thierry Mandon, secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, a rappelé qu’il n’y a pas si longtemps, les relations entre le monde de la recherche publique et les entreprises oscillaient entre splendide ignorance et acrimonie. Il s’est félicité qu’en dix ans, une transformation silencieuse s’est opérée entre recherche publique et entreprises. Le plus beau des bilans est là : aujourd’hui, il est naturel que la recherche publique se préoccupe des partenariats mutuellement profitables avec le tissu industriel, ce qui est l’œuvre, en partie, des Instituts Carnot.

Il a fait référence au modèle allemand des Fraunhofer : le dispositif des Carnot a atteint une taille analogue aux Fraunhofer en nombre de chercheurs et en volume de recherche collaborative. L’esprit Carnot, qui résidait dans la structuration des équipes de recherche, dans leur professionnalisation, leur acculturation, et dans le partage des bonnes pratiques, a produit des résultats considérables même s’il y a encore des progrès à accomplir car il reste des ‘Bastillettes’ à faire vaciller.

Le prochain appel à projets des Instituts Carnot (Carnot 3) sera lancé le 15 novembre prochain. Nous voulons faire des Instituts Carnot une marque, avec une perspective de long terme et une gouvernance forte associée.

S’agissant de la prolifération des entités ayant l’objectif de favoriser la nécessaire valorisation des travaux de la recherche publique, Vous étiez seuls y a dix ans, désormais vous ne manquez pas de compagnie : pôles de compétitivité, Satt, IRT, ITE, etc., il a annoncé vouloir faire l’inventaire de ce système d’innovation construit par couches depuis dix ans, et annoncé une évaluation objective sérieuse avec des ajustements à apporter, soit aux pièces qui composent ce paysage, soit dans l’articulation entre ces différentes pièces. Il souhaite que DGRI et DGE établissent ensemble le cahier des charges de cette évaluation. Evoquant les relations qui ne sont pas toujours simples entre Bercy et le MENESR, il souhaite vouloir trouver des modes de coopérations plus fluides sur le sujet de l’innovation entre les deux ministères.

Il remarque que le paysage de la R&I devrait évoluer à cause de la réorganisation territoriale et des nouvelles compétences régionales (loi NOTre).

Il signale enfin que la Stratégie Nationale de Recherche devrait être officiellement remise au Premier ministre le 23 octobre prochain

[ Point d’actualité : signalons que Thierry Mandon devrait s’appuyer sur Bertrand Monthubert, ancien élève de l’école normale supérieur qui deviendrait son conseiller spécial (probablement sur les questions d’enseignement supérieur). Bertrand Monthubert était le rapporteur de la Stranes (voir http://science-innovation-developpement.com/la-france-se-dote-dune-strategie-de-lenseignement-superieur/ ) et devrait donc démissionner de la présidence de l’université de Toulouse-III. Il est par ailleurs en 2ème position sur la liste conduite par Carole Delga (PS) pour les élections régionales en Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées. ]

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Louis Schweitzer annonce que 5 filières Carnot bénéficieront d’une dotation consommable de 45 M€

Louis Schweitzer, commissaire général à l’investissement, annonce pour sa part la décision du Premier ministre, prise sur proposition du CGI, de verser une dotation consommable de 45 M€ à 5 filières Carnot : automobile, sport et bien-être, énergies renouvelables, médicament et industrie mécanique. Avec les 79 M€ versés en avril 2015 aux filières Carnot luxe, mode et aéronautique, le financement ‘en cash’ total est de 124 M€ sur l’année.

Le président de la République a annoncé un PIA 3 doté de 10 milliards et il y a des chances que les Instituts Carnot, concernés par le premier PIA, soient aussi concernés par le PIA 3 … mais sans certitude à ce stade. Ceci étant, ces 10 Mds€ devraient être mis en œuvre à partir de 2017… Ce PIA 3 sera dans la continuité des deux précédents, avec la poursuite des efforts sur la recherche, en faisant l’effort de rendre le paysage des outils et dispositifs plus lisible et efficient, en accroissant l’effort sur la formation et en soutenant l’économie d’avenir, en particulier s’agissant du numérique, du tourisme, de l’agro-alimentaire et en aidant davantage les start-up à grandir.

S’agissant de la mise en œuvre des dispositifs français de soutien à la recherche et à l’innovation, il a regretté qu’ils soient encore trop compliqués et trop lents. Mais nous nous soignons ! : les délais de décision pour les programmes du PIA ont été divisé par 4. Sur les 47 Mds€ du PIA (financements de natures très variées), 36 ont déjà été engagés et l’ensemble des 47 devraient l’être à mi-2017.

Estimant que les liens entre le PIA et les Instituts Carnot dépassent les seuls liens financiers, Louis Schweitzer a souligné que la philosophie des Carnot est dans la droite ligne du PIA et met l’accent sur l’excellence et le travail en commun de la recherche publique et privée. (…) Le CGI aime le dispositif Carnot ! a t’il conclu.

Pierre Gattaz souhaite faire des Carnot un vecteur de la culture de l’innovation et de la conquête du marché et intensifier l’intégration des PME dans les instituts Carnot

Pierre Gattaz, président du Medef, se réjouit que les instituts Carnot participent au développement d’un écosystème solide en donnant accès aux meilleures compétences et à une plus large diffusion de l’esprit d’entreprise.

Il exprime deux vœux de succès : faire des Carnot un vecteur de la culture de l’innovation et de la conquête du marché et intensifier l’intégration des PME dans les contrats de R&D et leur internationalisation.

Il cite quelques thématiques d’opportunité pour les entreprises françaises : le numérique, la transition énergétique, la silver économie, la sécurité, le recyclage, la ville intelligente.

Il remarque que les résultats des Carnot se rapprochent de ceux des Fraunhofer. Est ce que l’élève français dépassera le maître allemand ? On l’espère tous ! conclut-il.

Pour Roger Genet, le dispositif est à la fois simple, vertueux et responsabilisant

Pour Roger Genet, directeur général pour la recherche et l’innovation, le dispositif Carnot est simple, vertueux et responsabilisant. En outre, il constitue un levier déterminant pour renforcer la recherche contractuelle.

Il rappelle la double ambition à l’origine des Carnot : soutenir la recherche contractuelle et généraliser et professionnaliser un certain nombre de pratiques. Il se félicite que le volume de contrats directs de R&D avec les entreprises des Carnot représente 455 M€ en 2014 ce qui est comparable aux Instituts Fraunhofer (462 M€) et que la croissance des Carnot est supérieure à celle de leurs homologues allemands.

Suivant Marie-Noëlle Semeria, présidente de l’AI Carnot, les participants estime qu’il faut encore affirmer la marque Carnot et renforcer la force du réseau pour augmenter l’attractivité de notre offre collective vis-à-vis des industriels et qu’il faut développer le réseau Carnot à l’international, en l’ouvrant à des partenaires industriels étrangers.

Pour Alain Schmidt, directeur adjoint de la direction générale des entreprises, le dispositif Carnot est un élément essentiel de la palette d’outils de l’État en matière de recherche et d’innovation. (…) Les entreprises françaises font face à de nombreux défis en matière de compétitivité (prix et hors prix) et le dispositif Carnot permet de rapprocher la recherche publique de l’entreprise. C’est même la raison de sa création. (…) Tous les acteurs de la recherche publique et des entreprises ont à gagner de cette collaboration. (…) C’est une fertilisation croisée qui nourrit la croissance des entreprises et qui éclaire les organismes de recherche sur le plan scientifique. (…) Les Instituts Carnot sont le maillon central du décloisonnement des acteurs de l’innovation, même si les Instituts Carnot devraient communiquer davantage sur leur vision stratégique et la proposition de valeur faite aux entreprises et aux filières.

Michael Matlosz, président de l’Agence nationale de la recherche rappelle pour sa part que les Instituts Carnot et l’Agence nationale de la recherche ont été créés la même année. (…) L’ANR soutient et fait tourner le dispositif depuis le début et nous espérons que nous continuerons à le faire à l’avenir, tout en insistant sur le fait que la recherche faite au sein des Carnot est de la vraie recherche. C’est une recherche qui questionne et qui inspire d’un point de vue scientifique.

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Une pensée sur “Instituts Carnot : un dispositif vertueux et efficace de recherche partenariale

  1. Merci Michel de cet excellent compte rendu.
    C’est le premier étage de la fusée, prometteur.
    Le deuxième étage, celui avec les investisseurs dans les startup en plein essor pour en faire des « licornes », reste encore à consolider. A cet égard, la France est loin derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Russie.