Education : la quantité plus que la qualité !

Les efforts pour améliorer la qualité de la pédagogie et donc de l’éducation  en France sont extrêmement faibles et sans commune mesure avec les efforts budgétaires en matière d’éducation. C’est un domaine où l’Etat a toujours privilégié la quantité (et la paix sociale) à la qualité (et au management).

Quelques chiffres et comparaisons

Le coût global public de l’éducation s’élève à presque 150 Md€, soit 6,8% du PIB mais surtout 38 % du budget courant de l’Etat (395 Md€).

Sur ces 150 Md€, 57% proviennent du budget de l’Etat et 24 % des collectivités locales. Et les ¾ sont des dépenses de personnels. Les 983 800 équivalent temps plein correspondant représentent même 51,8 % des emplois de l’Etat !

De l’autre côté, la part des recherches en éducation, numérique ou pas, est quantité négligeable par rapport à l’ensemble des recherches des administrations, la dépense intérieure de recherche et développement des administrations (DIRDA) s’élevant à presque 15 Md€.

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Si les crédits de recherche des administrations étaient proportionnels aux crédits budgétaires impliques, ce seraient environ 38% de 15 Md€ soit 5,5 Md€ (oui, oui, ce sont bien des milliards d’€) qui seraient dédiés à la recherche sur l’éducation. Nous en sommes très loin.

Soyons clairs. Ce ne sont pas les dépenses publiques d’éducation qui sont en cause (Abraham Lincoln : Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance) mais la faiblesse des efforts en matière de recherche sur la pédagogie.

L’innovation pédagogique dans la SNR

Dans les 115 pages (hors annexes) de la stratégie nationale de recherche (SNR), la recherche pédagogique n’est mentionnée que dans 4 phrases :

L’objectif prioritaire d’intégration des sociétés place l’éducation, la formation tout au long de la vie et l’apprentissage au premier plan.

Les innovations sociales, éducatives et culturelles sont multiples et porteuses. … Les recherches porteront sur des thématiques aussi différentes que les dispositifs scolaires innovants ou les représentations, leur dynamique et leur diffusion.

Il sera possible de mener des recherches collaboratives autour de champs d’application variés  dont l’éducation, par exemple la société apprenante et contributive, en liaison notamment avec la StraNES.

L’innovation pédagogique dans le PIA

Signalons un frémissement… : les initiatives pilotées par le Commissariat général à l’investissement (CGI) dans le cadre de la 3ème phase du programme d’investissement d’avenir (PIA)  dont l’objectif n° 1 est « Développer l’innovation pédagogique ». Il comporte 2 actions :

  • Action n° 1.1
 – « Territoires d’innovation pédagogique » dans l’enseignement scolaire (500 M€)
  • Action n° 1.2 – 
Nouveaux cursus à l’université (250 M€)

Cette seconde action vise à soutenir des politiques structurantes et volontaristes des universités concernant des cursus dans leur ensemble pouvant conduire à une réorganisation profonde des parcours. Elle vise à traiter la réussite au cours du premier cycle des études universitaires, au sein du cursus de licence. … avec des parcours de formation, des méthodes pédagogiques, des rythmes d’apprentissage eux- mêmes diversifiés.

Les efforts visent aussi à construire « l’université de la formation tout au long de la vie ».

Cette action s’appuie sur la révolution numérique en cours qui exige, tant pour la formation initiale que pour la formation continue, le développement de capacités de formations centrées sur des savoirs techniques et managériaux nouveaux. La seconde dimension transversale du PIA portera sur la promotion d’expérimentations testant des modèles de formation innovants qui devront être associés à une démarche de recherche permettant d’évaluer leur efficacité réelle et de définir les conditions d’une transposition à grande échelle.

Ce PIA 3 s’appuie sur les actions du PIA 2 , en particulier l’action IDEFI numérique qui a permis d’encourager le développement de contenus éducatifs accessibles de Massive open online course (MOOC).

Signalons aussi la mission dédiée à l’innovation pédagogique confiée à François Taddéi, Directeur du CRI (Centre de recherche interdisciplinaires) par Najat Vallaud-Belkacem  le 26 septembre 2016. L’objectif est de concevoir un plan stratégique susceptible d’engager un changement d’ère et d’échelle pour la recherche et développement pour l’éducation. Comme le dit si bien François Taddéi lui-même, les universités font de la recherche sur tout sauf sur elles-mêmes !

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http://www.education.gouv.fr/cid61665/le-cout-de-l-education-en-2014-evaluation-provisoire-du-compte.html

Sur la SNR voir aussi :

http://science-innovation-developpement.com/la-strategie-nationale-de-recherche-publique/

http://science-innovation-developpement.com/quels-fondements-aux-strategies-de-recherche-et-dinnovation-francaises-et-europeennes/

http://science-innovation-developpement.com/anatomie-comparee-des-defis-societaux-dans-la-snr-et-h2020/

Sur le PIA 3, voir aussi http://science-innovation-developpement.com/un-pia-3-oriente-esr/ .

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2 pensées sur “Education : la quantité plus que la qualité !

  1. Comme le note Gilles Babinet (http://www.letudiant.fr/educpros/entretiens/gilles-babinet-enseignement-superieur-premier-investissement-doit-concerner-pedagogie.html), entrepreneur et « digital champion » de la France auprès de la Commission européenne :

    « À part les travaux de François Taddei, la recherche en pédagogie n’existe pas en France, alors qu’aux États-Unis, c’est un vrai sujet. Regardez ce que fait le National Reading Panel, qui évalue l’efficacité des méthodes de lecture aux États-Unis. Sa force a été de créer de la transparence. L’instance a dit aux enseignants : « Remontez-nous votre pratique pédagogique et nous vous disons, selon le contexte sociodémographique dans lequel vous vous trouvez, quelles sont les meilleures pratiques à mettre en place. » Cela a mis la Floride au top en matière d’éducation ! »