La réforme territoriale de 2014 (loi MAPTAM, 27 janvier 2014) puis 2015 (loi NOTRe, 7 août 2015) a élargi les compétences des métropoles pour leur donner les moyens de soutenir leur croissance économique, alors qu’elle a plus clairement confié la responsabilité de l’équilibre territorial aux régions et celle de la solidarité et de la cohésion sociale aux départements. Le Pacte État-métropoles signé en juillet 2016 a toutefois affirmé la nécessité de renforcer les coopérations entre les métropoles et les territoires qui les entourent.
Rappelons (source Wikipédia) qu’en France, une métropole est un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre créé par la loi de réforme des collectivités territoriales de 2010 et dont le statut est remanié par la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (loi MAPTAM) de 20142.
La métropole est la forme la plus intégrée d’intercommunalité. Elle concerne des territoires de plus de 400 000 habitants qui sont soit situées dans une aire urbaine de plus de 650 000 habitants, soit chefs-lieux de régions, soit au centre d’une zone d’emploi de plus de 400 000 habitants.
Au 1er janvier 2018, il existe vingt-et-une métropoles : dix-neuf métropoles de droit commun (Bordeaux, Brest, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Lille, Metz, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Orléans, Rennes, Rouen, Saint-Étienne, Strasbourg, Toulouse, Tours et Toulon) et deux métropoles à statut particulier (Aix-Marseille et Paris).
La métropole de Lyon, créée par la loi MAPTAM, est une collectivité territoriale à statut particulier et non une intercommunalité.
La multiplication des métropoles en France suscite de plus en plus de critiques notamment plusieurs agglomérations devenues métropoles (Orléans, Tours, Dijon, Metz, Nancy, Brest, Rouen…) n’auraient pas de véritable dimension européenne. La France est le pays européen ayant reconnu le plus grand nombre de métropoles sur son territoire, ce qui tranche avec les analyses unanimes des géographes expliquant que la France ne parvient pas à créer de nouvelles métropoles européennes, du fait de la macrocéphalie parisienne.
Dans ce contexte, une récente note du Commissariat général à l’égalité des territoires et de France Stratégie dresse un état des lieux du dynamisme et du rayonnement régional de douze métropoles en matière d’emploi : Aix-Marseille, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Nice, Rennes, Rouen, Strasbourg et Toulouse. La métropole de Paris qui possède des caractéristiques particulières du fait de sa taille n’est pas étudiée. Ce diagnostic d’ensemble reste néanmoins très factuel.
L’analyse des dynamiques fait ressortir d’importantes disparités entre ces grandes villes, une croissance systématiquement plus forte aux franges de leurs aires urbaines et, au centre, un rôle déterminant des secteurs dits de la « base compétitive » — industrie manufacturière, services aux entreprises, commerce de gros et transport de marchandises — qui explique une grande partie du surcroît de performance des métropoles.
En ce qui concerne les effets d’entraînement, l’étude identifie plusieurs groupes de métropoles. Certaines partagent leur dynamique d’emploi avec les territoires régionaux avoisinants : c’est le cas de Lyon, Nantes, Marseille et, dans une moindre mesure, de Bordeaux et Rennes. Viennent ensuite les métropoles qui se développent en relatif isolat : Lille, Toulouse, Montpellier. Grenoble et Strasbourg présentent quant à elles une dynamique d’emploi inversée, plus forte dans les territoires avoisinants qu’au centre. Enfin, les territoires de Nice et Rouen apparaissent à la peine sur le plan de l’emploi (carte 1).
Des métropoles aux profils différents
Les 12 métropoles étudiées ne sont pas homogènes dans leur « constitution ».
La carte 2 représente les différents périmètres : en rouge, le périmètre institutionnel des métropoles selon la définition donnée par la loi NOTRe, en violet le périmètre du pôle urbain défini principalement par la continuité du bâti et enfin, en vert clair, le périmètre de l’aire urbaine, qui ajoute au pôle urbain la couronne périurbaine de la métropole. Cette carte fait apparaître différents profils.
Dans certains cas, les métropoles institutionnelles s’inscrivent à l’intérieur du pôle urbain, lui-même inséré, par définition, dans une aire urbaine plus large : c’est le cas de Bordeaux, Toulouse, Lyon et, dans une moindre mesure, de Grenoble.
Ailleurs, la métropole institutionnelle englobe quasiment le pôle urbain : c’est le cas de Rennes, Nantes, Montpellier, Strasbourg, Rouen et, dans une moindre mesure, de Lille, qui s’étend aussi en partie sur la couronne de l’aire urbaine.
De façon plus atypique, la métropole administrative d’Aix-Marseille-Provence englobe totalement le pôle urbain et quasiment toute l’aire urbaine, et déborde même de l’aire urbaine sur la partie ouest.
La métropole de Nice, quant à elle, est complètement dissociée de la géométrie du pôle urbain et de l’aire urbaine. Elle inclut des territoires montagneux jusqu’à la frontière italienne qui n’appartiennent ni au pôle urbain ni à l’aire urbaine.
Dans un souci de cohérence, c’est le niveau des périmètres dits économiques ou fonctionnels qui a été privilégié pour l’analyse de la dynamique des douze métropoles de province considérées.
Certaines métropoles se développent en relatif isolat. Leur dynamisme en matière d’emploi ne s’observe pas dans les territoires régionaux environnants. Sont dans ce cas de figure les métropoles de Lille, Toulouse et Montpellier. Les zones d’emploi de la région Hauts-de-France qui sont contiguës à la zone d’emploi lilloise pâtissent à la fois d’un positionnement sur des secteurs peu dynamiques et d’effets locaux négatifs. Dans la région Occitanie, ce sont principalement les effets locaux qui tirent les zones d’emploi à la périphérie de Toulouse et de Montpellier vers le bas. Cette dissociation entre la performance des métropoles et des territoires régionaux avoisinants s’observe aussi sur la carte 3 où aucun regroupement d’effets locaux n’est mis en évidence.
D’autres métropoles présentent au contraire une dynamique d’emploi plus faible que celle des territoires régionaux avoisinants. Ainsi, à Grenoble et Strasbourg, la croissance de l’emploi est plus forte dans les territoires avoisinants que dans la zone d’emploi de la métropole. La zone d’emploi de Grenoble affiche une croissance de l’emploi dans la moyenne nationale. Elle pâtit d’un désavantage dû à sa spécialisation sectorielle, qui est juste compensé par un effet local légèrement positif. Le dynamisme des territoires avoisinants provient quant à lui des zones d’emploi situées dans le voisinage de Lyon et d’autres pôles d’emploi comme Annecy et Chambéry. À Strasbourg, ce sont principalement les effets locaux qui jouent négativement dans la zone d’emploi de la métropole, tandis qu’ils jouent très favorablement dans les zones d’emploi contiguës malgré un positionnement sectoriel défavorable.
Enfin, on repère deux territoires en difficulté sur le plan de l’emploi : dans les métropoles de Rouen et Nice, la zone d’emploi de la métropole comme les territoires avoisinants voient leur emploi décroître. La faiblesse du dynamisme de Nice et de son voisinage n’est pas expliquée par la spécialisation sectorielle mais par des effets locaux fortement négatifs. Le reste de la région PACA est quant à lui porté par la dynamique des zones d’emploi situées autour d’Aix-Marseille. En revanche, dans le cas de Rouen, c’est toute la région Normandie qui pâtit du cumul d’un effet structurel négatif et d’un effet résiduel négatif, auquel la métropole n’échappe pas.