Le gouvernement vient de sélectionner 22 marchés clés, dont 10 prioritaires parmi lesquels l’hydrogène, les technologies quantiques ou la santé digitale.
Le Ministre de l’Economie et des Finances conjointement à la Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation avaient confié la mission à un collège d’experts construit autour du Conseil de l’innovation d’établir une stratégie ambitieuse et sélective pour déclencher une nouvelle dynamique industrielle et entrepreneuriale sur des marchés émergents. La construction de stratégies d’accélération pour ces marchés, et la sélection de marchés prioritaires sur lesquels concentrer l’action publique, seront un élément clef du Pacte productif. Le rapport correspondant a été récemment remis aux 2 ministres.

La démarche s’est structurée autour de quatre enjeux sociétaux fondamentaux :
- favoriser une alimentation saine et durable et contribuer à la souveraineté alimentaire mondiale ;
- préserver et développer la santé et le bien-être de nos citoyens, notamment en ce qui concerne l’accompagnement du vieillissement de la population, le traitement des maladies chroniques et rares, et la réponse au problème des déserts médicaux ;
- protéger l’environnement et assurer notre transition écologique et énergétique, en particulier vers une mobilité sans énergie fossile ;
- assurer notre souveraineté dans le numérique, qui est au cœur de la protection et la sécurisation de nos vies privées sur internet et du développement de l’économie et de l’éducation.

Afin d’identifier les marchés émergents associés, l’ensemble des parties prenantes a été consulté pour construire une approche commune. Ainsi, les écosystèmes d’innovation (pôles de compétitivité, SATT, incubateurs, IRT/ITE, réseaux French Tech), start-ups, représentants de la recherche publique, Ministères, opérateurs publics, Régions et l’Académie des Technologies ont été mobilisés. Ont été identifiés 22 marchés émergents, dont 10 prioritaires, sur lesquels la France a le potentiel pour jouer un rôle de leader à l’échelle mondiale et appelant une concentration des moyens. Ces marchés ont pour caractéristiques communes :
- de répondre à ces enjeux sociétaux et de comporter une forte dominante technologique ;
- d’être en phase de structuration à l’échelle nationale et européenne sur des domaines en croissance où la France dispose d’avantages compétitifs ;
- de faire face à des barrières à l’entrée importantes (capitalistiques, réglementaires, technologiques, de compétences) ;
- parfois, la criticité des enjeux en matière de souveraineté est venue abonder en faveur d’une priorisation.
L’intervention des pouvoirs publics se justifie dans l’ensemble de ces marchés à travers des «stratégies d’accélération» qui devront être conçues dans une approche systémique : de l’amont à l’aval, en agissant sur l’ensemble des leviers pertinents, qu’il s’agisse du soutien à la R&D, de maturation des technologies, de déploiement, ou encore de capital-humain, d’attractivité et de promotion à l’international. Dans ces actions, nous avons considéré le levier européen, notamment dans ses dimensions d’accélération, de normalisation et surtout de masse critique indispensable sur certains marchés peu profonds à l’échelle française. Le collège d’experts s’est penché prioritairement sur les marchés pouvant faire l’objet de stratégies combinées, nationales et européennes, excluant ainsi les marchés pour lesquels le levier d’action principal est à porter au niveau de l’Union Européenne.
LES 10 MARCHÉS PRIORITAIRES
- L’agriculture de précision et les agroéquipements ;
- L’alimentation durable pour la santé ;
- Le biocontrôle animal et végétal ;
- La santé digitale ;
- Les biothérapies et la bioproduction de thérapies innovantes ;
- L’hydrogène pour les systèmes énergétiques ;
- La décarbonation de l’industrie ;
- Les nouvelles générations durables de matériaux composites ;
- Les technologiques quantiques ;
- La cybersécurité.
A ces 10 marchés prioritaires s’ajoutent 12 autres marchés présentant des enjeux sociétaux et technologiques nécessitant la poursuite des actions de soutien public, voire ultérieurement l’élaboration de stratégies d’accélération.
- Les carburants durables ;
- Les infrastructures de stockage et de traitement des données ;
- L’éolien en mer ;
- Les nouvelles générations de photovoltaïque ;
- Le bâtiment innovant ;
- Le recyclage des matériaux de construction ;
- Le recyclage et la valorisation des déchets ;
- Les produits biosourcés ;
- L’e-learning et les edtech ;
- La fabrication additive ;
- Les batteries pour véhicules électriques ;
- La microélectronique hardware et software embarqué.
Les travaux ont aussi permis de mettre en évidence plusieurs enjeux transversaux à l’ensemble des marchés.
En premier lieu, le soutien aux technologies diffusantes (IoT, robotique-cobotique, cloud) constitue un facteur clé de l’accroissement de la performance de nos processus industriels. Caractérisées par un rôle de diffusion dans l’économie, elles permettent d’optimiser les processus, raccourcir les délais et renforcer la sécurité. Si les acteurs français ne sont pas nécessairement bien positionnés sur certaines briques technologiques, l’acculturation des PME et ETI, la possibilité de personnaliser (« customiser ») des technologies existantes est fondamentale pour réinventer et optimiser les processus industriels.
Deuxièmement, revient le sujet du financement de la croissance des entreprises innovantes : la croissance de nos entreprises technologiques passe par un financement suffisamment important et rapide. A défaut de prise en compte de ces éléments, la France demeurera dans un rôle d’incubation d’entreprises innovantes à fort potentiel qui feront l’objet de rachats par les grands groupes mondiaux étrangers.

Enfin, l’accompagnement de ces transitions nécessite d’agir en profondeur sur les compétences, en adaptant au plus tôt les cursus, en développant les formations au cours de la vie et en promouvant une politique des talents, y compris dans sa dimension internationale.

https://www.economie.gouv.fr/remise-rapport-faire-france-economie-rupture-technologique
https://www.economie.gouv.fr/files/Rapport_college_experts_06_02.pdf