De la fourche à la fourchette. Telle a été l’accroche utilisée par Claude Bartolone, président de l’Assemblée Nationale, pour introduire la réunion des Mardis de l’Avenir du mardi 2 décembre à l’Hotel de Lassay sur le thème La chaine alimentaire : faut-il changer le contenu de nos assiettes ?. Et le débat a bien eu lieu, sous les ors de la République, avec en particulier un échange entre un agriculteur, Pierre Priolet, par ailleurs auteur de Les fruits de ma colère, et le premier distributeur français (le deuxième mondial), Georges Plassat, PDG du groupe Carrefour. Le premier reprochant au second le trop faible coût d’achat au producteur, le second mettant en avant la compétition internationale, le besoin d’investissement (2Md€ par an pour son groupe) et la demande des consommateurs pour un prix bas, les deux s’accordant sur l’objectif d’une nourriture saine à un prix compétitif. Ce même Pierre Priolet a aussi appelé de ces vœux un affichage des prix payés aux producteurs. Sur ce sujet, rendez-vous a été pris avec le Ministre de l’Agriculture.
Le fil rouge des réunions des Mardis de l’Avenir étant La transition écologique en débat, Claude Bartolone a fait remarquer que l’agriculture représentait 21% de l’émission des gaz à effets de serre en France, 8% pour le seul élevage herbivore. Il a milité pour la territorialisation, la ruralité et la création d’écosystèmes de production/distribution de proximité.
En écho, Stéphane le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’agro-alimentaire et de la forêt, a annoncé que le jour même avait été envoyé à tous les responsables de collectivités locales un guide du « manger local ». Il a insisté sur le besoin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et de stocker le carbone.
Au-delà du débat avec les représentants du monde agricole présents, agriculteurs ou responsables syndicaux, Georges Plassat (Carrefour) a fait part des actions de son groupe pour rapprocher lieux de production et lieux de consommation. Passer d’une société de consommation à une société de plaisir est une ligne à suivre selon lui.
Bernard Chevassus-Au-Louis, inspecteur général de l’agriculture et président de l’observatoire de l’alimentation, a fait remarquer que la réduction de l’impact carbone liée à l’alimentation passait aussi par la « frugalité », réduire le bol alimentaire, ce qui avait aussi d’autres impacts positifs, sanitaires en particulier. Il a évoqué la mesure de la consommation énergétique d’une ferme, pour laquelle les activités amont et aval à cette ferme représentaient 5 fois sa propre consommation. Selon ses études, la part du transport global liée à l’alimentation est de 30%.
30%, c’est aussi le niveau de la production agricole qui est jetée, selon Alain Bazot de UFC-Que choisir. Il regrette ce fait et note aussi que chaque Français gaspille en moyenne 30 kg de nourriture par an, ce qui correspondrait à 159€ par personne et par an.
Xavier Beulin, président de la FNSEA, a exprimé un fort besoin d’avoir accès à plus de technologie, en particulier avec l’apport du numérique. Il a insisté sur le besoin d’innovation concernant le tandem environnement-économie afin de s’inscrire dans une croissance durable.
Même si le « manger de saison » n’a pratiquement pas été évoqué, le besoin des agriculteurs de vivre dignement de leur travail, leur besoin de renouer le contact avec les productions, par exemple via le « manger local » et la nécessité de s’appuyer sur la technologie (innovation) pour une croissance durable ont constitué le socle de ce débat.
http://www.assemblee-nationale.fr/14/evenements/mardi-avenir/index.asp
http://agriculture.gouv.fr/approvisionnement-local-guide-restauration-collective
Pour ceux qui sont intéressés par le discours de Claude Bartolone : http://www.claudebartolone.net/2014/12/02/les-mardis-de-lavenir-la-chaine-alimentaire-faut-il-changer-le-contenu-de-nos-assiettes/
Merci Michel de ce condensé. L’agriculture est responsable de beaucoup plus que l’émission de gaz à effet de serre.
1. Une agriculture durable passe aussi par l’audit de l’eau, même si la France n’en a pas beaucoup manqué cette année. L’eau d’irrigation représente 66% de l’eau douce consommée sur terre…et des solutions existent pour en économiser jusqu’à 50% (voir http://www.guilspare.com)
2. Deuxième point qui fâche: la chimie (pesticides, fongicides et herbicides de toutes sortes) qui polluent la terre, l’air, les eaux et tuent certaines espèces cruciales (abeilles, qui pollinisent).
Je suis donc déçu de ce genre de colloque dont rien ou pas grand chose ne sort, et regrette de n’avoir pu m’y rendre.
Laurent