L’agriculture française doit changer son modèle … ou plutôt faire évoluer ses modèles car les situations des éleveurs de porcs, des producteurs de lait, des céréaliers, des vini-viticulteurs ou des producteurs de cerises sont très différentes. Mais l’innovation est une démarche vertueuse pour tous, quel que soit son domaine d’application (production, machinisme, distribution, commercialisation,….).
Une partie de son avenir se joue en effet dans sa capacité à mobiliser plus fortement la recherche et à convertir l’avancée des connaissances en autant de bénéfices à la fois en matière de compétitivité et de performance environnementale. Avec près de 10% de la dépense publique de R&D consacrée à l’agriculture et à l’agroalimentaire, la France est un des pays d’Europe qui investit le plus dans cette ambition.
La mission chargée de poser les bases d’un plan « Agriculture – Innovation 2025 » avait rendu son rapport en octobre dernier. Les recommandations de ce rapport, formulées à travers 30 projets déclinés en près d’une centaine d’actions, visent à mobiliser les acteurs de la recherche et de l’innovation autour de grands enjeux fédérateurs : stimuler les transitions agroécologique et bioéconomique, favoriser l’innovation ouverte et soutenir les actions de formation, prendre le virage du numérique et favoriser l’essor de la robotique, mobiliser les biotechnologies et soutenir le bio contrôle.
C’est dans ce cadre qu’une feuille de route, articulée avec le Projet Agro-écologique pour la France et la Stratégie Nationale de Recherche, vient d’être esquissée afin d’orienter la programmation et le financement de projets de recherche et d’innovation dédiés aux grands enjeux de l’agriculture.
Ce plan agriculture innovation 2025 co-piloté par les ministères de l’agriculture, de la recherche et de l’économie retient 4 priorités :
- Renforcer la recherche sur les sols agricoles, l’agriculture et le climat :
L’agriculture, confrontée aux grands enjeux du changement climatique, peut aussi être au cœur des solutions pour en limiter la portée et en atténuer les effets. Les sols agricoles représentent en effet un fort potentiel de stockage du carbone et constituent un capital vivant sur lequel il faut agir. Ainsi, à la suite des engagements pris dans le cadre de l’initiative « 4 pour 1000 » portée par la France, un grand programme de recherche sera lancé afin de mobiliser la communauté internationale sur ces enjeux.
Au niveau national, un réseau de coordination de l’expertise scientifique et technique sur les sols sera mis en place. Une de ses missions sera de mobiliser l’ensemble des acteurs sur l’estimation de la capacité de stockage de carbone dans les sols et sur la valorisation des dispositifs pilotes au sein des territoires visant des productions agricoles neutres en carbone et économiquement performante. …
- Placer l’agriculture au cœur de la Stratégie Nationale de Recherche (SNR)
Cette priorité vise à s’appuyer sur les cinq « programmes d’actions prioritaires » présents dans les orientations stratégiques de la SNR, dont trois pourront être mobilisés pour des projets de recherches dédiés aux enjeux de l’agriculture. De même, le PIA pourrait être mis à contribution, dans le cadre des « Instituts Convergences », pour des initiatives interdisciplinaires portant sur des priorités identifiées par la mission « Agriculture-Innovation 2025 » (climat, biologie des systèmes et biotechnologie, données massives et numérique).
Un programme volontariste d’appui à la recherche et aux infrastructures dédiées aux biotechnologies appliquées à l’agriculture et au biocontrôle sera lancé dans la prochaine vague du PIA afin de permettre à la France de retrouver une position de leader européen dans le domaine des biotechnologies grâce notamment à un investissement significatif dans les nouvelles technologies de sélection en élargissant la palette des cibles, des espèces et des races concernées et en visant des objectifs de durabilité.
- Développer le numérique et l’agriculture connectée
Le développement de nouvelles technologies de capteurs et de services numériques associés sera amplifié, notamment pour développer des bio-capteurs à visée de prévention sanitaire précoce.
Un portail de données agricoles sera mis en place en étroite relation avec les organisations professionnelles agricoles, pour faciliter l’accès à un ensemble de données publiques et privées pouvant être valorisées au bénéfice du monde agricole.
- Créer des « laboratoires vivants » pour favoriser l’innovation ouverte au sein des territoires
Favoriser l’innovation, en associant au sein d’écosystèmes territoriaux les agriculteurs, les entreprises et les acteurs de la recherche et de la formation, est l’ambition des « laboratoires vivants » identifiés par la Mission. Un premier appel à projet exploratoire, financé sur le PIA sera ainsi lancé dès 2016 afin de faire émerger deux projets pilotes qui seront dédiés l’un à l’agro-écologie en grandes cultures en Limagne et l’autre à l’élevage durable en Bretagne.
Ce plan souligne enfin que l’innovation et la recherche sont des investissements plus que jamais porteurs de valeur pour l’ensemble des filières et des territoires.
http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/rapport-agriculture-innovation2025.pdf